"
Les années 80 seront modernes ou ne seront pas
". La musique électronique sera celle du futur.
Les précurseurs Kraftwerk ou Suicide deviendront
des références incontournables. Guitares
et batteries n'auront bientôt plus lieu d'être.
Voilà ce que pensent certains musiciens qui auront
vite fait de profiter des chamboulements provoqués
par le mouvement punk et de l'émergence de toutes
les nouvelles structures indépendantes. Les très
arty The Human League ou Cabaret Voltaire sont bientôt
rejoints par une nouvelle génération et
mettent un peu d'eau dans leur vin expérimental,
intéressés par l'approche plus pop qu'offrent
ces nouveaux arrivants qui ont pour nom Orchestral Manoeuvres
In The Dark, Soft Cell ou Blanc-Mange. La techno-pop,
concept fumeux pour qualifier des chansons au format bien
connu mais jouées exclusivement avec synthétiseurs
et autres boîtes à rythmes, vit ses premières
heures. Pour beaucoup, pour les "rockers", ce
n'est là qu'une piètre plaisanterie qui
ne passera pas l'hiver. Qu'importe, en ce début
de décennie, les principaux acteurs trustent, un
peu partout en Europe, les premières places des
charts : The Human League et son " Dont You Want
Me ", Soft Cell avec une reprise d'un hit des années
60, " Tainted Love ". Sans oublier quatre Anglais
baptisés d'après le titre d'un classieux
magazine de mode français, Depeche Mode, qui réalisent
comme troisième single " Just Can't Get Enough
" : cette ritournelle aussi naïve qu'efficace
est sur toutes les lèvres. La jeunesse moderne
a trouvé de nouveaux héros.
Pour
Vincent Clarke, Martin Gore, Andrew "Fletch"
Fletcher et David Gahan, tout semble être allé
très vite. Pourtant, ces quatre adolescents se
connaissent depuis plusieurs années. Il faut dire
qu'à Basildon, une cité-dortoir de l'Essex
de quelques 160 000 âmes, on a vite fait de retrouver
les mêmes têtes aux mêmes endroits,
comme au club Van Gogh. Vince et Andy, qui ont tout deux
reçu une éducation religieuse - le second
aurait même été enfant de choeur -,
sont les premiers à passer à l'action en
formant No Romance In China. L'aventure est de courte
durée et, après quelques concerts locaux,
Vince décide de s'associer avec Martin sous le
nom de French Look. Nous sommes en 77. L'Angleterre vit
aux rythmes de la "révolution" punk et
tous les ados du pays n'ont plus qu'un rêve en tête
: briser les tabous, déranger l'ordre établi
et vivre leur vie sans rien demander à personne.
Pour nos apprentis-musiciens, une telle effervescence
semble presqu'irréelle même si les choses
deviennent un tantinet plus sérieuses lorsque Fletch,
comme bassiste, rejoint les deux compagnons courant 78
et que le trio se rebaptise Composition 0f Sound. Mais
si Vince pointe à l'ANPE locale, Martin et Andy
sont bien contents d'avoir un job, le premier dans une
banque, le second dans une compagnie d'assurance. Clarke,
leader improvisé, n'est pas trop à l'aise
dans le rôle de chanteur et... guitariste. Premier
tournant, ils se lancent en quête d'une voix, ils
n'ont pas à la chercher bien loin puisque leur
choix va se porter sur une connaissance, Dave Gahan, qui
travaille comme étalagiste pour assouvir sa passion
de la soul et les impressionne suffisamment par son interprétation
du " Heroes " de David Bowie. Peu après
cette arrivée déterminante, à la
lin 79, le néo-quatuor, sur une idée de
Dave justement, décide de se rebaptiser Depeche
Mode, un nom que nos confrères britanniques traduiront
trop souvent malencontreusement par... Fast Fashion !
Puis le groupe décide de ne plus s'armer que de
synthétiseurs, un instrument que seul Gore jouait
jusqu'alors.
Début
80, les quatre amis ont cinq chansons à leur répertoire
ainsi que quelques reprises, dont le " Mouldy Old
Dough " de que peu intéressées par
le parti-pris synthétique. Peu importe, Depeche
Mode suit son bonhomme de chemin et trouve dans le Bridge
House, un club de l'est de Londres, un endroit accueillant.
C'est là que le dénommé Daniel Miller
découvre le quatuor. L'homme est à la tête
d'un label indépendant baptisé Mute qu'il
a créé en 78. La première réalisation
? Un single de son propre groupe, The Normal, intitulé
" TVOD " et dont la face B, " Warm Leatherette
", connaîtra un étonnant succès
via une reprise signée par la célèbre
Grace Jones. De par ses goûts personnels - il cite
volontiers Can, Tangerine Dream mais surtout Xraftwerk
parmi ses références -, il est attiré
par les synthétiseurs. Si ce beau soir de 1980
il se trouve au Bridge House, c'est que l'un de ses protégés,
Fad Gadget, emmené par le très charismatique
Frank Tovey, joue en tête d'affiche. A la fin du
concert, Miller va voir les quatre de Basildon. "Quand
ils ont commencé à jouer, j'ai immédiatement
été captivé par la musique",
se rappelle-t-il. "Pour moi, chaque chanson sonnait
comme un classique. A cette époque, il n'y avait
encore que peu de groupes qui utilisaient des synthés
avec un côté pop. Je suis allé les
revoir la semaine suivante, juste pour m'assurer que je
n'avais pas rêvé : je leur ai alors proposé
de sortir un single et de voir ce qui allait se passer".
Au même moment, un certain Stevo, qui du haut de
ses 17 ans est manager de Soft Cell, envisage une compilation
de nouveaux talents qui porterait le même titre
que le nom du label qu'il veut créer, Some Bizzare.
Londres,
1981. La capitale anglaise est alors en pleine effervescence
néo-romantique. L'initiateur de ce mouvement de
pacotille, Steve Strange, se pavane à l'entrée
de son club, le Blitz. On s'habille en corsaire, marquis
ou façon années 30. De nouveaux journaux,
tels ID ou The Face, se veulent les fidèles reflets
des tendances - aussi bien vestimentaires que musicales
- et sont là pour relayer l'information. En février,
Depeche Mode réalise son premier single, le minimaliste
" Dreaming 0f Me ", qui se retrouve à
la 57ème des charts britanniques. Juste avant,
la fameuse compilation Some Bizzare a vu le jour. Le groupe,
dont le nom est alors orthographié Depeché
Mode (!), y figure en bonne place avec la première
version - rapide - de " Photographic " aux côtés
de B-Movie, The The (alors duo), Soft Cell, Blanc-Mange
ou The Fast Set. Le quatuor se laisse alors embarquer
dans cette scène vaguement futuriste, aux contours
on ne peut plus flous, dont il n'est pas évident
de trier le bon grain de l'ivraie. Il est vrai qu'il joue
avec le feu avec un look frôlant le ridicule, qui
oscille entre le tout cuir - à la Soft Cell - et
les fanfreluches - façon Spandau Ballet. La sélection
s'opérera d'elle-même. Quoiqu'il en soit,
Depeche Mode s'est déjà fait une petite
place au soleil. Et " New Life ", qui voit le
jour en juin, vient confirmer son ascension: le single
atteint la onzième place des charts et le groupe
fait sa première apparition au sacro-saint Top
0f The Pops. Cette fois-ci, l'aventure prend forme. Sans
hésiter, Dave, Andy et Martin abandonnent leur
travail respectif. Une décision qu'ils n'auront
pas à regretter avec le succès aussi surprenant
- de par son échelle puisque nouveau et ancien
continent succombent à cette parfaite miniature
électronique - que foudroyant d'un " Just
Can't Get Enough " qui annonce le premier album.
Enregistré en trois petites semaines au studio
Blackwing - une ancienne église devenue le refuge
de l'écurie Mute, puis de celle de 4AD avant de
devenir celui de Stereolab -' " Speak & Spell
" est un album pop, électronique certes, mais
pop avant tout. Les chansons sont courtes et accrocheuses,
Daniel Miller s'est chargé de la production, épaulé
par un Clarke qui se passionne pour toute la nouvelle
technologie. C'est lui aussi qui composera la majeure
partie des morceaux, exception faite de " Tora! Tora!
Tora! " et de l'instrumental " Big Muff ",
oeuvres du frêle et blondinet Martin Gore. Les mauvaises
langues, en France en particulier, auront vite fait de
remarquer que producteur et groupe partagent les mêmes
initiales et insinuent, par ce biais, que Depeche Mode
n'est qu'un coup monté, sorte d'ancêtre des
fameux boys bands d'aujourd'hui ! Loin de ces mesquines
polémiques, les quatre garçons se lancent
dans leur première tournée, qui passera
par Paris, aux Bains-Douches, pour une prestation de quarante-cinq
minutes retransmise en direct sur France-Inter. Mais sur
la route, des tensions apparaissent entre Vince et ses
trois compagnons d'aventure. Le petit compositeur ne se
dit que peu intéressé par les concerts.
De plus, la popularité dont jouit la formation
ne semble pas le rassurer. Certaines rumeurs font état
de son départ prochain. Et le 12 décembre,
la rupture est consommée : Clarke quitte officiellement
Depeche Mode. Mais il a déjà une idée
derrière la tête. Par hasard, il retrouve
la trace d'une ancienne connaissance de Basildon, Allison
"Alf" Moyet. Passionnée par la soul et
le rythm and blues, cette dernière est alors choriste
des oubliés Red Roosters - nom hommage au Little
Red Boosters des Rolling Stones - et est à la recherche
d'un groupe qui pourrait la laisser s'exprimer comme bon
lui semble. Ensemble, ils forment Yazoo, d'après
le nom d'un très vieux label de blues, et, logiquement,
trouvent refuge chez Mute.
Dans
toute l'histoire de la pop musique, il n'y aurait qu'un
seul précédent: le Pink Floyd qui pousse
vers la sortie son leader Syd Barrett pour cause d'absorption
démesurée de substances illicites, après
une poignée de singles et un fantastique premier
album, Piper At The Gates 0f Dawn. Après à
peine deux ans d'existence et un album, Depeche Mode voit
donc à son tour s'envoler le principal artisan
de son succès foudroyant. Ajoutez-y un mouvement
néo-romantique qui s'essouffle et peu sont ceux
prêts à miser un kopeck quant au futur du
néo-trio. Daniel Miller, lui, y croit toujours:
"Je ne savais pas exactement ce qui allait arriver
mais j'avais confiance. Je savais que Martin était
un excellent compositeur et puis les trois voulaient vraiment
continuer, ils étaient très motivés,
ce qui était important. En fait, il était
remarquable de trouver deux compositeurs aussi doués
dans un même groupe : Vince et Martin. En tant que
directeur de Mute, il était beaucoup plus intéressant
pour moi que Vince parte faire autre chose (Rires.)".
Sans tergiverser, dès le mois de janvier 82, le
groupe décide de donner signe de vie en réalisant
" See You ", petite bleuette synthétique
inoffensive et romantique, qui n'a aucun mal à
franchir les portes du Top 10. Composé par Gore
sur une guitare acoustique, tous les arrangements synthétiques
du morceau sont réalisés en studio avec
l'aide de l'omniprésent Miller.
La
pérennité assurée dans un futur immédiat,
il faut tout de même penser à recruter un
quatrième membre, ne serait-ce que pour les concerts
qui se profilent à l'horizon. A la petite annonce
"groupe cherche clavier âgé de moins
de 21 ans" répond Alan Wilder, membre de The
Hitmen, obscure formation ayant réalisé
deux albums sur CBS. Mais l'homme doit mentir sur son
âge qui avoisine... les 23 ans ! Il est mis à
l'essai pour six mois et le groupe ainsi régénéré
s'envole pour sa première escapade aux Etats-Unis,
où " Speak & Spell " a fait une entrée
remarquée dans le Top 20. Il faut également
s'atteler au deuxième album. Pour ce faire, seuls
Dave, Martin et Fletch entrent en studio toujours sous
la houlette de Miller. Réalisé en septembre,
" A Brocken Frame " est un album qui manque
d'assurance. Les pop-songs légères - parfois
à la limite de l'insignifiant telles que "
The Meaning 0f Love " ou " A Photograph 0f You
" -côtoient des compos aux atours plus sombres
et nettement plus intéressantes comme " Leave
In Silence ", " Satellite " ou " The
Sun And The Rainfall ". Aujourd'hui, plus encore
qu'à l'époque, ce disque ressemble fort
à un disque de transition. "J'avais composé
la plupart des morceaux avant même " Speak
& Spell ", se rappelle Martin Gore. "Je
crois que nous avons eu raison de sortir ce genre de disque,
qui nous a permis de rester en contact avec le public
séduit par le premier Lp. Si " Construction
Time Again " avait été notre deuxième
album, je ne sais pas si nous serions encore là
aujourd'hui. Je pense surtout que nous avons eu raison
de sortir en single un morceau comme " Leave In Silence
", qui a préparé nos fans à
ce que nous allions faire par la suite". Indice tout
aussi révélateur, certains textes ont changé
et affichent un contenu social, naïf mais surprenant.
Si le disque marche bien en Grande-Bretagne - il réalise
un meilleur score que " Speak & Spell "
-, sur le vieux continent il passe pour le moins inaperçu.
Il faut dire que Yazoo a déjà fait mouche
: " " Don't Go et " Only You ", deux
singles tonitruants de soul électronique et minimaliste,
remportent tous les suffrages et propulsent un premier
album réalisé en juillet 82, " Upstairs
At Eric's ". Vince revient alors sur son douloureux
départ: "II n'y avait rien de personnel. Ce
serait faux de dire que leur attitude n'était pas
bonne. Elle était juste différente de la
mienne. Aujourd'hui, tout le monde semble plus sûr
de ce qu'il fait" Cela ne durera pas longtemps pour
l'instable Clarke qui, après un deuxième
album réalisé en juillet 83, " Vou
And Me Both " - premier Lp sorti sur un label indépendant
à se classer en tête des charts britanniques
- abandonne la bien-portante Alf, qui se lance alors dans
une fructueuse carrière solo jusqu'à sa
participation surprise au projet Nearly God de l'ami Tricky,
l'année passée. Quant à Vince il
reviendra dès octobre 83 avec The Assembly, un
projet pour le moins intéressant : avec l'ingénieur
Eric Radcliffe - le Eric de Upstairs... -' il compte sortir
une série de singles avec un chanteur différent
à chaque fois. Une nouvelle fois l'aventure tourne
court et seule la très belle balade " Never
Never ", magnifiquement interprété
par Feargal Sharkey, verra le jour. Clarke s'acoquinera
ensuite avec... Paul Quinn, le crooner écossais,
juste avant de se lancer dans une association avec l'immense
Andy Bell, sous le nom de Erasure, qui, depuis plus de
dix ans,' alterne les hauts et les bas, aussi bien en
France, en Angleterre qu'aux Etats Unis.
En
82, Depeche Mode a préservé l'essentiel
puisqu'en Grande-Bretagne, sa côte de popularité
n'a pas été entamée. Mais ceci ne
saurait satisfaire un Martin Gore qui a d'autres aspirations.
Alan Wilder malgré son mensonge éhonté,
rejoint officiellement le trio. Son arrivée est
en quelque sorte "fêtée par la sortie
en janvier 83 d'un single inédit, " Get The
Balance Right " sur lequel il co-écrit avec
Martin un instrumental intitulé " The Great
Outdoor ". Le titre-phare confirme les nouvelles
ambitions du groupe : le morceau évolue dans des
sphère mélancolique et le texte - porté
par une nouvelle mélodie proche de la perfection
- évoque clairement l'inégalité sociale.
Mais le quator se tient surtout à l'affût
de nouveaux sons et de nouvelles techniques. Gore est
impressionné par un concert dévastateur
du groupe industriel allemand Einstürzeinde Neubaten
à Londres. D'autre part, il découvre les
joies du sampling. "Il s'intéressait aux tendances
plus expérimentales", explique Miller. "Et
effectivement, la nouvelle technologie permettait de réaliser
certaines idées beaucoup plus facilement : pour
la première fois sur un album, on a utilisé
des samples de sons, et non pas d'autres disques comme
beaucoup le faisaient et le font toujours". Ces nouveaux
atouts en main, le groupe entre en studio à Londres.
Précédé parle le somptueux "
Everything Counts " - qui oscille entre pop-song
parfaite, percussions indus et sonorités orientalisantes
-, " Construction Time Again " - mixé
aux mythiques Hansa Studios de Berlin sous l'égide
de Miller, aidé cette fois par Gareth Jones - voit
le jour en plein mois d'aout. Rarement album n'a aussi
bien porté son titre : Depeche Mode semble avoir
laissé tomber son masque de gentil groupe pour
teenagers. Les sonorités sont faites plus robotiques
et ne sont pas sans rappeler DAF - autre groupe Mute que
Martin adore-' Wilder compose deux morceaux, " The
Landsape Is Changing " et " Two Minutes Warning
" et certains titres sont nettement plus difficiles
d'accès, comme le métallique et répétitif
" Pipeline ". Mais les mélodies sont
toujours aussi efficaces. Sans parler de métamorphose,
Gore et ses acolytes ont vite compris qu'ils leur fallaient
se régénérer, acquérir une
certaine crédibilité. Non contents d'avoir
réussi ce premier pari, ils ont surtout renoué
avec le succès sur le vieux continent, en particulier
en Allemagne, Espagne et France - qui deviendront les
trois premiers bastions du groupe - grâce à
" Everything Counts ". Un succès qui
va accroître la réalisation de " People
Are People " dès mars 84. Ce morceau poursuit
la même formule ébauchée sur certaines
on compos de " Construction... " : une rythmique
industrielle soutient un refrain imparable. Si Martin
reniera ce titre quelques années plus tard, le
trouvant de par trop commercial, il va permettre pourtant
au groupe de se rappeler au bon souvenir des Amérjcains.
Toujours à l'écoute des nouvelles tendances,
Gore confie ce morceau emblématique à Adrian
Sherwood, l'alchimiste de On-U Sound, pour deux remixes.
Débute ainsi une véritable tradition dans
la discographie du groupe qui peut se targuer d'être
parmi les premiers artistes pop à avoir saisi l'intérêt
de remixes lui permettant d'être présent
dans tous les clubs de la planète. Dès lors,
" Some Great Reward " devient l'un des albums
les plus attendus de cette première moitié
de décennie. Entièrement conçu à
Berlin, toujours avec l'aide de Miller et Jones, il sera
l'albumi de la consécration européènne.
Outre " People Are People ", on y trouve le
deuxième hymne du groupe pour les années
80 : " Master And Serrant ", loin d'être
l'un des meilleurs morceaux, frappe l'imaginaire avec
ses gimmicks entétants, et son évocation
de tendances sado-maso. Un thème qui provoquera
le courroux de la BBC, tout comme le célèbre
" Blasphemous Rumours ", qui s'en prend aux
croyances religieuses. Cette fois, les trois thèmes
de prédilection de Gore, qui interprète
pour la , première fois un morceau - un "
Somebody " un rien trop mélo pour être
convaincant -'se retrouvent sur un même album :
le sexe, la religion, l'implication sociale. La tournée
qui s'ensuit est couronnée de succès, en
particulier à Paris où Depeche Mode restera
le premier groupe à remplir Bercy.
Le
quatuor peut enfin prendre le temps de souffler. Ses contemporains
du tout électronique sont tous, plus ou moins,
restés sur le carreau : Soft Cell et Blancmange
sont sur le point de jeter l'éponge, The Human
League, B-Movie ou OMD sont à la recherche de leur
second souffle, Depeche Mode pour sa part s'est imposé
sur le continent où le groupe est devenu plus populaire
que dans sa natale Angleterre. Si le look arboré
par Gore - une jupe en cuir, maquillage à la Robert
Smith - prête à sourire, une chose semble
certaine : n'en déplaise aux détracteurs
de ses débuts, DM est bien Ià pour durer.
Et pour la première fois depuis ses débuts
tonitruants, il ne sortira pas de nouvel album studio
en cette année 85 laissant The Cure ou Simple Minds
définitivement exploser auprès du grand
public. Le quartette va "juste" réaliser
deux singles - l'excellent " Shake The Disease "
et l'indispensable " It's Called A Heart " -
que l'on retrouve sur la compilation sobrement intitulée
" Singles 81-85 ", qui paraît en octobre
et précède d'un mois la vidéo live
" The World We Live In And Live In Hamburg ".
Mais Martin a de nouvelles idées en tête
et la petite troupe - toujours en compagnie de Miller
et Jones - regagne les studio Hansa pour préparer
le cinquième album. Son titre, " Black Celebration
" (réalisé en mars 86), annonce la
couleur. Les compos sont parmi les plus mélancoliques
jamais écrites par Martin. Cette fois, il chante
quatre morceaux dont le très beau " A Question
0f Lust " - qui réussit là où
" Somebody " avait échoué - ou
le désabusé " It Doesn't Matter Two
"... On retrouve également l'un des plus beaux
singles du groupe, l'insidieux " Stripped "
avec cette intro qui rappelle des pulsations cardiaques.
Les thèmes de prédilection sont une nouvelle
fois présents, comme cette critique à peine
déguisée du système anglais avec
" New Dress " et les mélodies ont pris
le pas sur les aspirations industrielles. En août,
la sortie du percutant " A Question 0f TIme "
s'accompagne d'une association qui va changer beaucoup
de choses pour le futur du quatuor. La vidéo est
confiée à Anton Corbijn, photographe et
vidéaste réputé. Dès lors,
c'est lui qui prendra en charge l'image Depeche Mode -
clips, photos de presse - et, peu à peu, gommera
la vision, encombrante, de groupe pour midinettes. Qui
n'iront pas acheter le premier album de Wilder sous le
nom de Recoil, 1+2, expérimental à souhait.
Début
87, les quatre hommes se retrouvent dans le home-studio
d'Alan pour préparer les programmations des nouvelles
chansons signées Gore. Car le mode de fonctionnement
est parfaitement défini: Gahan est le chanteur
principal, celui qui donne vie à la majeure partie
des textes écrits par Martin, devenu, depuis "
Black Celebration ", le seul compositeur du quatuor.
Wilder, lui, est chargé de dénicher les
nouvelles trouvailles sonores. Quant à Fletcher,
son rôle est pour le moins surprenant : " à
ma connaissance, il n'a jamais acheté un disque
" avouait Dave à la presse anglaise en 95.
" Il n'est pas intéressé par le fait
d'apprendre à jouer d'un instrument correctement.
Mais c'est lui qui prend en charge tous les problèmes,
qui gère tout le sale boulot ". Il faut dire
que jusqu'en... 95, Depeche Mode fonctionnera sans manager
! "
Music For The Masses" est élaboré à
Paris puis à Londres, avant d'être mixé
au Danemark. Pour la première fois, Miller ne participe
pas à l'enregistrement: "J'avais travaillé
sur cinq albums, il m'était de plus en plus difficile
de diriger le label et produire des disques. Au début,
ça allait, tout restait à une petite échelle.
Et puis, à ce stade, il semblait pertinent d'injecter
un peu de sang frais". C'est Dave Bascombe qui aidera
les quatre compagnons à tirer le meilleur partie
des dix nouveaux titres. Certains frôlent la perfection
: si " Strangelove " est le compagnon rêvé
des pistes de danse, " Neyer Let Me Down Again "
ressemble fort à un chef-d'oeuvre mélodique
et à un hymne imparable pour les futurs concerts.
La répartition entre morceaux plus sombres et chansons
plus pop est impeccable. Réalisé en septembre
87, il est surprenant de voir que l'album ne se hisse
qu'à la dixième place des charts britanniques,
là où son prédécesseur était
parvenu à la troisième. Ce dont la France
se fiche éperdument puisque la troupe remplit aisément
trois Bercy en novembre. Dès janvier 88, l'entraînant
" Behind The Wheel " sort en single, avec en
face B, une incroyable interprétation, robotique
et répétitive à souhait, du classique
" Route 66 ", seule reprise jamais enregistrée
à ce jour par DM avec la sonate... " Au Clair
De La Lune " de Beethoven ! Si Wilder continue ses
recherches sonores avec Recoil le temps d'un deuxième
album plus intéressant baptisé " Hydrology
", c'est bien sur la route que le quartette va passer
les six premiers mois de l'année1988 avec une virée
américaine qui s'achève en apothéose,
le 18 juin, au Rosebowl de Pasadena devant 70 000 fanatiques,
101ème concert de la tournée " Concert
For The Masses ". C'est lors de ce périple
que Dave commence à fréquenter les gens
de Ministry et... à s'intéresser d'un peu
trop près aux drogues.
Mais
cette épopée mémorable a surtout
été immortalisée par le cinéaste
DA Pennebaker, bien connu pour avoir filmé le festival
de Monterey en 87 et, surtout, suivi pas à pas
l'irascible Bob Dylan pour le mythique " Don't Look
Back " en 65. 101, le film, sort en mars 89 et montre
aussi bien l'envers que l'endroit du décors: scènes
de concerts ou de backstages, interviews radios ou le
voyage de fans, qui suivent à la trace leurs héros.
En même temps, le fameux concert du Rosebowl, où
on peut entendre la plupart des hymnes du groupe - de
" Master And Servan " à " Stripped
", en passant par " Everything Counts ",
" Never.. " ou même " Just Can't
Cet Enough " -, sort sous le même titre, emballé
dans une somptueuse pochette noir et blanc signée
Corbijn. Aujourd'hui, avec ce disque-bilan, on peut se
demander si DM ne venait pas de tirer un trait sur les
années 80 avant de se lancer corps et âmes
dans la nouvelle décennie qui semble lui tendre
les bras. "Ce n'était pas l'intention à
l'époque", explique Daniel Miller. "Mais
avec du recul, c'est effectivement l'impression que cela
peut donner. C'est pendant cette tournée qu'ils
ont joué pour la dernière fois les 'vieux'
morceaux. Alors effectivement, le disque peut être
perçu comme la clôture d'un chapitre".
Mais 89 est aussi l'année de la seule escapade
en solitaire du compositeur en chef crédité
à Martin L. Gore - le "L" signifie Lee
-,réalisé en juin, " Counterfeit Ep
" est un mini album ludique Paradoxalement on y trouve
que des reprises, six au total, certaines presque attendues,
comme le " Neyer Turn You Back On MotherEarth "
des Sparks ou " In A Manner 0f Speaking " de
Tuxedomoon, d'autres plus surprenantes telles que le "
Smile In The Crowd " de Durruti Column ou le "
Gone " des oubliés Comsat Angels. Mais l'ange
blond a réservé une surprise de taille pour
l'été.
La
légende veut que Priscilla Presley, l'épouse
du Roi Elvis, surnommait son compagnon Personal Jesus.
C'est le titre qu'a choisi Depeche Mode pour son nouveau
single qui sort en août 89. Presque déroutante
à la première écoute - les guitares,
déjà utilisées depuis " A Broken
Frame ", sont mises en avant pour la première
fois, le rythme rappelle un morceau glam -, la chanson
s'avère d'une efficacité redoutable. Elle
est surtout le premier extrait d'un album qui va arriver
en mars 1990. Enregistré avec l'aide d'un certain
Flood - ingénieur du son de génie déjà
vu aux côtés de Cabaret Voltaire ou U2 -
et mixé par François Kervokian - un Français
émigré aux Etats-Unis, figure de proue de
la scène house -' " Violator " est un
pur chef-d'oeuvre de musique électronique. Aérien
et mélancolique, chaque morceau ressemble à
un hit, les arrangements sont tous pertinents. "
World In My Eyes ", " Enjoy The Silence "
ou " Policy 0f Truth " sont des merveilles de
pop addictives, " Sweetest Perfection " ou "
Clean ", des monuments d'intimité. Non content
de signer son meilleur album - et sans conteste l'un des
meilleurs de la décennie présente si ce
n'est plus -, le groupe gagne une nouvelle crédibilité
grâce aux hommages que lui rendent les artistes
de la nouvelle scène dance. "Violator "
triomphe un peu partout dans le monde et s'écoule
à plus de six millions d'exemplaires. Aux Etats-Unis,
le quatuor donne trente et un concerts devant 20 ou 30
000 personnes en moyenne alors que le show du Giants Stadium
de New York attire 65000 devotees... "Aux USA, ce
n'est pas arrivé d'un coup... En fait, les premiers
signes sont apparus lors de la tournée 88: au départ,
le groupe devait jouer dans des salles de 2 ou 3000 personnes
mais les billets se sont vendus si vite qu'il afini dans
des stades de 15 000 personnes. Effectivement, on a alors
été très surpris, d'autant plus que
personne n 'aurait pu prédire ça pour Depeche
Mode, surtout là-bas".
A
la fin de l'année 91, Martin s'attèle à
de nouvelles compositions... Le groupe a enregistré
un très bel inédit, sorte de blues électronique,
" Death's Door ", pour la BO du film de Wim
Wenders, Jusqu'au Bout Du Monde. Wilder a mis en boîte
le troisième album de Recoil, " Bloodllne
", où pour la première fois il a fait
appel à des interprètes tels que Douglas
McCarthy (Nitzer Ebb), Moby ou Tom Halliday (Curve). Gahan
s'est installé à Los Angeles et se passionne
pour la nouvelle scène hardcore/hip hop. II pense
un moment quitter le groupe. Mais lorsqu'il reçoit
les nouvelles chansons, il n'a qu'une seule envie : les
enregistrer. Pour changer des studios traditionnels, le
quartette loue une maison aux alentours de Madrid qu'il
aménage en studio. Les sessions se déroulent
également en Allemagne, à Hambourg, toujours
sous la direction de Flood qui, avec " Violator ",
a gagné une renommée internationale. Réalisé
en février 93, " Songs Of Faith And Devotion
" est, sans aucun doute, l'album rock de Depeche
Mode. Nouvelle preuve que le groupe n'a que faire de se
reposer sur ses acquis, alors que le mouvement techno
et house commence à gagner le grand public. Certes,
" I Feel You " peut être vu comme le grand
frère de " Personal Jesus ". Mais ici
les guitares se taillent la part du lion, ne serait-ce
que sur l'intro du fantastique " Walking ln My Shoes
" ou sur l'épique " Higher Love ",
en conclusion d'un album surprenant. Autre changement
de taille : pour la première fois, le groupe fait
appel à des musiciens extérieurs, des choristes
sur " Get Right With Me " ou un ensemble à
cordesur le séduisant " One Carress ",
interprété par Martin. Le disque connaît
un succès foudroyant: en Angleterre et aux Etats-Unis,
il entre directement à la première place
des charts. En France, il est disque d'or le jour de sa
sortie !
Va alors démarrer la plus longue tournée
jamais mise en place par le quatuor. Elle se transformera
en véritable cauchemar. Elle débute en toute
tranquillité à Budapest puis passe par la
France pour un nouveau triomphe. C'est ensuite le tour
des Etats-Unis. Sur la route, Depeche Mode est devenue
une véritable micro-société pour
laquelle travaillent 70 personnes. La scène sublime
qui se présente sur plusieurs niveaux avec écran
vidéo ou batterie montée sur roulette a
été conçue par Corbijn et nécessite
huit heures de montage ! Un matériel que transporte
sept semi-remorques. Une démesure que l'on retrouve
dans l'attitude du groupe, qui ne rechigne devant aucun
excès. A La Nouvelle-Orléans, Gahan ne revient
pas pour le rappel... Officiellement, il est épuisé
et victime d'un malaise. En fait, il vient d'être
terrassé par... un arrêt cardiaque, dû
à une overdose. Chacun à leur tour, Wilder,
Gore, Gahan et même Fletcher doivent être
hospitalisés. L'ambiance n'est pas au beau fixe
non plus. Au moindre petit incident, le ton monte entre
les membres qui se réfugient dans leur loge personnelle
avant le début du show. C'est dans cette ambiance
délétère que sort, en décembre,
une nouvelle vidéo et, idée plus saugre
nue, la version concert de " Songs... " où
l'on retrouve les morceaux de l'album sorti quelques mois
plus tôt dans un ordre parfaitement identique et
que Wilder a mixés sur la route, profitant des
journées de repos... La tournée se poursuit
dans des contrées jamais visitées par le
groupe - l'Amérique Du Sud, les Philippines - avant
de regagner une nouvelle fois les USA. Fletcher, au bord
de la crise de nerfs, jette l'éponge. Il est remplacé
par Daryl Bamonte, un proche de l'entourage DM et frère
aîné de Perry, le guitariste de Cure. Lorsque
cette épopée dantesque prend fin, courant
94, tout le monde sait déjà qu'elle laissera
des séquelles. Lesquelles? Personne n'ose vraiment
y penser mais tout le monde devine que le quatuor est
à un nouveau tournant de sa carrière...
En
juillet 95, un communiqué laconique tombe sans
appel: douze ans après son arrivée officielle,
Alan Wilder abandonne ses compagnons, se plaignant que
son travail au sein du groupe ne soit pas plus reconnu.
" A partir de ce moment là, on savait que
tout allait être différent. Mais tant de
choses qui sont arrivées presque en même
temps que... Je ne veux en aucun cas diminuer son travail
au sein du groupe car il fait tellement dans DM, mais
nous avions l'esprit ailleurs quand il est parti. Maintenant,
à l'écoute du nouvel album, on sait que,
s'il était resté, le disque aurait certainement
été différent : ni moins bon, ni
meilleur, seulement différent ", avoue Daniel
Miller. Pour Depeche Mode, c'est le début d'une
série noire. Si le groupe fait parler de lui en
cette année 95, c'est surtout dans la rubrique
faits divers. En octobre, Gahan est hospitalisé
après une tentative de suicide. Le mois suivant,
il sort d'une cure de désintoxication pour retrouver
un appartement cambriolé... Gore, lui, s'est remis
à composer. Pour le moment, il ne sait pas encore
si ces nouveaux morceaux prendront vie dans le cadre de
Depeche Mode... La situation est des plus floue. Personne,
même dans le proche entourage du néo-trio,
ne sait vraiment ce qui risque d'arriver. Ou plutôt,
ne le redoute que trop...
C'est
presqu'une surprise de taille lorsqu'on apprend officiellement
que DM entre en studio, au printemps 96, à l'Electric
Lady studio de New-York, sous la houlette du petit Tim
Simenon, le cerveau de Bomb The Bass. Ce dernier trouvait
en tête de la liste des producteurs avec lesquels
le groupe désirait travailler. " Il les avait
déjà rencontrés", confirme Daniel
Miller. " En fait, nous ne voulions ni d'un producteur
rock ni d'un producteur purement dance. Il fallait quelqu'un
qui sache ce qu'est Depeche Mode, connaisse l'histoire
du groupe. Et il était la personne toute désignée
". Nous n 'avons pas eu à regretter ce choix
: Tim a été déterminant, il a presque
tenu le projet à bout de bras à certains
moments ". Car les problèmes ne sont pas pour
autant résolus, surtout ceux de Gahan. En quatre
semaines à peine parvient-il à mettre en
boîte une ligne de chant. Martin et Fletcher lui
demande de rentret à Los Angeles et de se reprendre.
Mais le 28 mai, le chanteur est victime d'une nouvelle
overdose... En juillet, il est arrêté pour
possession de cocaïne ! Il ne sera libéré
qu'après versement d'une caution d'un montant de
50 000 dollar. Pour Dave, il n'y a plus d'alternatives.
Heureusement la nouvelle cure de désintoxication
a enfin l'effet escompté. A l'automne 96, le trio
se retrouve, à Londres cette fois, toujours avec
Tim Simenon et son équipe. Comme sur " Songs...
" Depeche Mode a également fait appel à
des musiciens extérieurs. Et le 3 février
97, " Barrel Of A Gun " est enfin disponible
. Le single, aux sonorités métalliques,
au rythme martial, remixé entre autres par Underworld
n'annonce pas la couleur de " Ultra " qui verra
le jour le 14 avril. Le disque est sans doute, le plus
difficile d'accès jamais enregistré par
le groupe. Certes, un titre comme " It's No Good
" porte le cachet DM mais les climats sont plus denses,
presque plus oppressants, même si Gahan n'a jamais
aussi bien chanté. Une nouvelle fois, Depeche Mode
s'est refusé à la facilité : ici,
pas de virages trip hop de quelque nature que ce soit...
Bien sûr, les doutes planent encore quant à
l'avenir immédiat d'une formation marquée
par les années précédentes. On sait
déjà qu'il ne faut pas attendre de tournée
avant 1998, si jamais tournée il y a. On parle
également d'une nouvelle compilation de singles.
Mais le plus important n'est pas à conjuguer au
futur. Mélodique, séduisant, hypnotique,
ce neuvième album studio prouve que Martin Gore,
Dave Gahan et Andrew Fletcher ont toujours cette soif
de renouvellement, 17 ans après des débuts
en fanfare. Car malgré tout ce qu'en pensaient
certains spécialistes, Depeche Mode s'est inscrit
dans la longévité, sachant associer, comme
rarement certains artistes ont su le faire, succès
populaire et innovations en tout genre. Comme le vrai
groupe de pop moderne qu'il est et a toujours été...
Pour
la première fois, le groupe n'effectue pas de tournée
promotionnelle, craignant de voir Dave replonger dans
la drogue. Les cures de désintoxication semblent
avoir porté leurs fruits, et il serait dommage
de tout gâcher. C'est pourquoi DM décide
de consacrer son énergie à une nouvelle
compilation de singles. Avant cette très attendue
compilation est édité (sur le label Polydor)
un tribute-album intitulé "Various artists
for the MASSES", et qui regroupe 16 groupes dont
The Cure, The Smashing Pumpkins, Apollo 440, Gus Gus,
Ramstein, Deftones, Meat Beat Manifesto, Veruca Salt,
etc,etc... Les mal-aimés des années new-wave
ont (finalement!) droit à un bel hommage de la
part de prestigieux admirateurs. Réaction de l'un
des intéressés (en l'occurence Martin Gore)
: "Un hommage, je croyais que c'était réservé
aux artistes morts ou à la retraite... Nous avons
encore beaucoup de musique à produire." Quoi
qu'on en dise, un tribute alors qu'on n'est pas encore
mort ou à la retraite, c'est plutôt flatteur...
Keep on going kids!
La
nouvelle compilation de singles aurait pu s'appeler autrement,
mais elle fut sobrement intitulée "THE SINGLES
86-98" en référence à la précédente
"THE SINGLES 81-85". Et quelle compilation!
Que d'la bonne (et c'est peu dire) comprenant en outre
un single inédit "Only when I lose myself".
Les critiques internationales fusent de tous les côtés
et vont toutes dans le même sens : DM mérite
sa place dans le Panthéon de l'électro-pop.
Quelques extraits de journaux: "Impossible sur ces
21 titres de ne pas en trouver un qui ne soit familier
à l'oreille. Presque un classique." "Une
compile des derniers singles du groupe, petites perles
gothiques teintées d'un romantisme pervers."
"Depeche Mode est aujourd'hui le groupe de techno-pop
par excellence, l'un des premiers à avoir pris
pour support musical les machines. Ce double album retraçant
la carriére du groupe de 1986 à aujourd'hui
est un enchaînement de tubes, une véritable
machine à danser." etc, etc...Finalement,
des dinosaures (Simple Minds, U2, The Cure), c'est Depeche
Mode - le plus décrié - qui vieillira le
mieux. Pour ceux qui auraient encore des doutes sur la
crédibilité de ce groupe, je ne puis que
vivement leur conseiller l'écoute de ce petit bijou...En
septembre 1998 commence une tournée mondiale (la
première depuis 1994) qui s'achève aux USA
fin décembre. Tournée qui est un véritable
triomphe, les places étant rares (1 seul concert
français !), et qui se déroule dans l'euphorie
générale. Les fans retrouvent le groupe
au meilleur de sa forme...
Martin
Gore, multi-instrumentiste de Depeche Mode, a annoncé
travailler pour l'instant sur un album solo constitué
essentiellement de reprises. Le tracklisting n'a pas encore
été révélé. Rappelons
que Gore avait déjà sorti un unique projet
sous son nom en 1989, Counterfeit E.P. Il a également
précisé que le chanteur de Depeche Mode,
Dave Gahan, sortirait aussi un album solo. Ce n'est qu'à
la fin de cette année 2002 que les Depeche Mode
discuteront au complet de leur avenir commun.