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BiographieBiographie
Partis de Limerick, les Cranberries ont depuis fait bien du chemin.
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DiscographieDiscographie
De "The Cranberry Saw Us" à 2002, tous les hits du groupe irlandais.
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ParolesParoles
De "Dreams" à "This Is The Day", l'intégrale des paroles des Cranberries.
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vidéographieVidéographie
Look skinhead en 94 ou plus féminine en 99, retrouvez Dolores en live.
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ConcertsConcerts
Guest stars en 93, têtes d'affiches en 2002, tous les concerts du groupe.
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CollectionCollection
Bootlegs, posters, livres, t'shirts... tout mon monde autour des Cranberries.
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"Tout le monde le fait, alors pourquoi pas nous ?" C'est la phrase qui annonçait le premier album des Cranberries. Une autre manière de dire : "Nous sommes des gens comme les autres. Nous venons de familles modestes, nous n'avons pas d'argent. Ce premier album est maladroit, plein d'imperfections, mais c'est nous." En effet, les Cranberries sont des gens ordinaires, mais sincères. L'histoire des Cranberries est étroitement liée à leur terroir d'origine, l'Irlande. C'est cette terre irlandaise qui va leur donner leur force et leur spécificité. La légendaire ténacité irlandaise qui leur permettra de persévérer, là où tant d'autres se sont découragés et auront cédé à la facilité d'une vie ordinaire. C'est là aussi que Dolores tire les inflexions si particulières de son chant, charriant du même coup la colère et l'émotion d'un peuple oppressé depuis des siècles. Malgré la consonance espagnole de son prénom, Dolores est bel et bien irlandaise. Dolores Mary Eileen O'Riordan a grandi dans un modeste cottage de Ballybricken, à une dizaine de kilomètres de Limerick, tout au plus chef-lieu de canton mais une mégapole lorsque l'on vient de Ballybricken. Le père de Dolores est invalide depuis un accident du travail et sa mère, traiteur, était donc seule à travailler. La dernière d'une famille de sept enfants, elle ne bénificiera cependant pas des acquis de ses ainés comme lorsqu'on est le petit dernier et chouchou de sa maman. En effet, la mère de Dolores a toujours eu une prédilection pour les garçons, les filles étant soumises à une éducation plus stricte, avec par-dessus le marché les grands frères pour veiller sur la bonne moralité de leur petite soeur. "C'était dur d'être une fille, ma mère avait peur que je me retrouve enceinte, elle était donc très stricte. J'avais le droit d'aller en boîte deux fois par an, et encore, avec mes frères pour me surveiller. Si je dansais avec un gars, ils se levaient et me bombardaient de questions. "Où sont ses mains ? Qui c'est ce type ? Qu 'est ce qu'il fait ? D'où il sort ?" Ils m'ont probablement sauvée de beaucoup de garçons !"

Dolores chantait à l'église (la seule distraction décente pour une fille, à Ballybricken) et jouait aussi de l'orgue. Elle jouait même Nick Kershaw, pour embêter sa mère et s'endormait fréquemment pendant l'office. "Je ne suis pas allée à l'église depuis l'âge de dix-huit ans. Quand j'étais adolescente, j'étais du style à m'endormir à l'église, mais quand c'était le moment des cantiques, c'était du style : Ouais ! En fait, j'adorais les chants grégoriens. Ce sont de superbes mélodies. C'est vraiment de là que vient le rock'n'roll !". Quelqu'un aurait dû parler de Chuck Berry à Dolores ! Enfin, gageons que c'est une boutade. Du reste, la mère de Dolores adorait Elvis Presley. Mais revenons à notre génèse des Cranberries. Les frères Hogan viennent de Moycross, non loin de Limerick (tout au plus chef-lieu de canton etc.). Bien qu'étant de placides adolescents, Mike et Noel .Hogan jouaient dans un groupe de rock en compagnie de Fergal (et non pas Feargal comme souvent imprimé) le batteur du groupe. Le quatrième et dernier larron, un certain Niall était au chant. Le groupe s'appelait "The Crannberry Saw Us" et était spécialisé dans la chanson drôle. Les chansons, écrites par NiaIl, bien entendu, avaient des titres des plus étranges. tels que : "My Granny Drowned In A Fountain At Lourdes ", (Ma grand-mère s'est noyée dans une fontaine à Lourdes), " Throw Me Down A Big Stairs " (Précipite-moi du haut des grands escaliers) ou encore " Good Morning God " (Bonjour Seigneur). NiaIl a pourtant décidé de quitter son groupe pour un autre, tout en étant assez prévenant pour se trouver un successeur, ou plutôt, une successeuse. Dolores était une connaissance de sa grande soeur et ainsi elle eu vent de la place vacante. A l'époque, elle était vendeuse à mi-temps ; Fergal était coiffeur et les frères Hogan faisaient des petits boulots. Dolores a sauté sur l'occasion, car ça faisait quatre ans qu'elle recherchait un groupe auquel se joindre, après avoir essayé plusieurs groupes de reprises sans avoir trouvé chaussure à son pied. "De bons musiciens mais sans créativité. Tout ce qui les intéressait c'était de jouer dans des pubs pour gagner 60 livres dans la soirée" se souvient-elle aujourd'hui. "Dolores est venue avec son petit synthé, elle avait les cheveux très courts et était toute petite" se rappelle Noël. "Leurs compos à ce moment-là n 'étaient pas à mon goût, mais j'avais perçu leur potentiel dans leur jeu. C 'était facile pour moi. parce que je savais que dès que j'aurais ouvert la bouche et commencé à chanter ils seraient impressionnés " raconte pour sa part Dolores.

Cette "forte impression" marque donc le début des Cranberries, le "Saw Us" étant rapidement passé à la trappe. Ce jour-là Dolores est rentrée chez elle avec une cassette contenant plusieurs compositions de Noèl Hogan, dont "Linger " sur lesquelles elle va travailler. Une semaine plus tard, elle retourne voir son groupe avec les paroles sur la mélodie " Linger ", à la grande surprise du groupe, ravi cependant d'avoir trouvé une chanteuse totalement dévouée à la musique. "Je suis rentré à la maison et j'ai écrit les paroles. C'était four pour les garçons, parce qu'ils étaient habitués à leurs trucs de mâles, saigner sur la moquette ou se noyer dans une fontaine à Lourdes. Quand j'ai essayer de chanter, j'étais très génée, pensant peut-être que ce serait trop sentimental à leur goût, trop féminin. Et puis je me suis dit : " qu'est ce que ça peut foutre ? " Alors j'ai commencé à chanter et on ne pouvait pas entendre les paroles parce ce qu'on avait un ampli naze et que la guitare de Noël sortait aussi par là. Il avait la bonne sortie et moi la mauvaise. Le bassiste avait un ampli au son crade et le batteur se débrouillait comme il pouvait. J'étais dans le coin en train de dire : " Je sais chanter je le jure, mais personne ne pouvait m'entendre ". Ca a continué comme ça un bon moment, à me coller les oreilles contre l'ampli pour essayer de m'entendre ".

Comme tout groupe débutant, les Cranberries se sont produits dans des lieux peu reluisants, comme la cave d'un hôtel de Limerick (depuis démoli) et un ou deux pubs à Dublin ou Cork. "Il y avait peut-être soixante personnes dans une toute petite pièce sombre, Dolores était sur le côté, Noël, Mike et moi étions tête baissée, du style : allez, finissons-en !" C'est à cette époque qu'ils ont rencontré Pearse Gilmore, un agent local qui avait fondé son propre petit label et possédait un studio d'enregistrement, Xeric, Mais ne croyez pas que ce fut là la fin des galères pour les Cranberries et le début d'une implacable ascension vers la célébrité, loin s'en faut. Gilmore devint leur manager et les véritables embrouilles commencèrent. Ils enregistrèrent une cassette contenant trois titres, "Nothing Left At All", qui fut mise en vente dans les magasins locaux. Score : trois cent exemplaires (le morceau-titre réapparaîtrait un an plus tard sur la face B de leur véritable premier single). Noël a laissé tomber son job de caissier et s'est mis en tête d'envoyer des démos un peu partout. La démo est arrivé chez Rough Trade, dans les mains de Sarah Bolton. Elle écrivit une lettre d'encouragement aux Cranberries, bien que leur musique ne lui plaise pas. Elle les invita tout de même à venir jouer à Londres, ce qu'ils ne firent pas car ils n'en avaient pas les moyens. Geoff Travis, aujourd'hui manager des Cranberries travaillait chez Rough Trade à l'époque et n'avait jamais entendu parler d'eux. C'est grâce à un correspondant local de Rough Trade à Dublin que Travis les découvrira. " Je ne les aime pas mais à toi ça te plaira peut-être " dixit l'homme à Travis. Celui-ci écoute la cassette en compagnie de sa collègue Jeannette Lee et tous deux trouvent la démo géniale, au point que Jeannette se déplace jusqu'à Cork, où le groupe se produit un soir. Dolores chantait alors dos au public. Le bouche à oreille a alors bien fonctionné au sein de l'industrie musicale car Warner, Columbia, Virgin, Island et beaucoup d'autres se sont tout à coup intéressés aux Cranberies. Le groupe assure avoir eu la visite de 32 envoyés des maisons de disques lors d'un concert d'un soir à Limerick ! Leur futur attaché de presse John Best, en a compté pour sa part un ou deux. Best était quoi qu'il en soit intéressé par leur démo et souhaitait ardemment collaborer avec eux. Il travaillait à l'époque pour un label indépendant qui l'envoya voir les Cranberries à Cork, lors d'un concert au bar de l'université, devant au plus 20 personnes. " Je suis allé les chercher après le concert et nous avons discuté au bord de la rivière. Je leur ai dit : " Vous n'avez aucune idée de ce que vous êtes capables de faire ". Ca a l'air très à l'eau de rose, je sais. Et pour être honnête, en regardant les photos de mariage de Dolorès récemment, je n'en avais aucune idée non plus.

Pendant ce temps Gilmore manageait les Cranberries en prenant à peu près tout sous sa responsabilité : enregistrement, photographies, contrôle du stock... Travis essayait à cette époque de rencontrer Gilmore pour lui proposer de signer le groupe, mais ce n'était pas chose facile : " Pearse ne prenait pas mes coups de fils et se refusait à fixer tout rendez-vous d'affaires, ce qui est plutôt inhabituel pour un manager dont le groupe n'est pas encore signé. C'était vraiment très étrange... " Etrange aussi pour Dolores, qui se rendit seule chez Rough Trade, à Londres. "Elle avait vraiment des doutes sur ce qu'ils s'apprêtaient à faire", constate Travis. Et ce qu'ils s'apprêtaient à faire, justement. c'était de signer chez Island (un contrat pour six albums) plutôt que chez Rough Trade, après un vote démocratique, au cours duquel Dolores fut certainement la seule a voter contre leur manager. Leur manager Gilmore obtint d'Island une avance conséquente pour enregistrer leur premier album à Limerick, dans les studios Xeric. Les Cranberries alors, inexpérimentés en affaires ne virent pas un kopek de la somme. "Uncertain" leur premier EP sur Xerie vit le jour en octobre 1991, tandis que John Best sétait livré à un travail conséquent, mais maladroit. quant à la promotion des Cranberries. " J'ai fait quelque chose que je ferai plus jamais, dans mon gauche enthousiasme pour le groupe, qui était d'envoyer la démo à la presse musicale. " Grave erreur, en effet, car la démo était bien meilleure que la petite production de Gilmore. "Uncertain" sonnait de façon faiblarde comparé à cette démo, qui contenait déjà " Linger ", " Dreams ", " Nothing Left At All ". .. Or les critiques qui avaient adoré la démo, les avaient encensés sans qu'il y ait eu le moindre contrat signé (Melody Maker et NME dans la foulée), furent cruellement déçus par ce premier EP. Aux louanges ont rapidement succédé les sarcasmes. Et dieu sait que les Anglais ont le verbe tranchant. Après quoi, le groupe s'est attelé à l'enregistrement de leur premier album avec Gilmore à la production. Après trois semaines de studio et trois titres enregistrés, les Cranberries virent enfin leur manager malhonnête et se retrouvent du même coup dans t'impasse. C'est sous l'impulsion de John Best (cette fois bien inspiré) qu'ils se remettent en contact avec Geoff Travis, pour lui tenir à peu près ce langage : "Au secours !" Depuis, Travis et Lee sont les managers des Cranberries. Ils recommencent donc l'album aux studios de Windmill à Dublin, (luxueux, comparés à la poubelle aménagée qu'étaient les studios Xeric) avec Stephen Street à la production, l'homme qui a mixé et co-produit les trois derniers albums des Smiths. Un vrai bonheur pour les aficionados des Smiths que sont Fergal et les frères Hogan. Peut-être est-ce cela qui lui a permis de refaire des Cranberries un groupe soudé, chose disparue sous l'égide de Gilmore.

"Everybody's Doing It, So Why Can't We ?" dont la signification était à prendre au pied de la lettre, paraît en mars 1993 (bien que prévu à l'origine pour octobre 1992) : c'est bancal, maladroit mais c'est nous. " Tout le monde le fait, alors pourquoi pas eux ? Mais le cauchemar n'est pas encore terminé. L'album ne fit pas figure d'évènement car l'intérêt de la presse s'était évaporé, et sans le support de la presse, le soutien de la maison de disque aussi. Le phénomène qui va alors se produire autour des Cranberries est typiquement ce que les Anglais détestent : un groupe anglais qui a du succès aux Etats-Unis avant d'en avoir chez eux ! Shocking, en vérité, mais l'impact sera si fort que les Anglais ne pourront pas ignorer le phénomène plus longtemps. Alors qu'en Angleterre les singles " Linger " et " Dreams " font un fiasco, les Cranberries partent en tournée avec Belly en mars 1993, puis avec Hot House Flowers, période durant laquelle Dolores est tentée d'abandonner. "Tout le monde nous tournai le dos : l'Angleterre, l'Irlande, tout le monde. Nous sommes donc allés en Europe, en première partie des Hot House Flowers et les allemands disaient : " Wo ist der Hothaus Flowerz ? ". et je me disais : " Que vais-je faire ? Tout laisser tomber ? Rentrer à la maison de mes parents, me mettre à la retraite, me marier, avoir dix gosses, quoi ?" Non, pas ça, Dolores ! Pas si près du but ! Car le 10 juin, les Cranberries arrivent aux U.S.A. pour une tournée en première partie de The The. A partir de là, les choses vont (enfin !) se passer très vite. "Everybody Else etc." vient de sortir aux EtatsUnis et les jeunes Américains vont s'y intéresser sans avoir aucune idée préconçue sur le groupe. A l'appui de ce recueil de douze titres autobiographiques, les Cranberries deviennent le groupe alternatif anglais de référence, anglais, pas irlandais ! Les radios étudiantes les soutiennent, (comme ce fut le cas plus tard pour Radiohead) et MTV va diffuser leur clip. Leurs concerts affichent complet dans des lieux célèbres tels que The Grand à New York ou The Troubadour à Los Angeles. La vidéo de " Linger " tournée aux Etats-Unis par le réalisateur de " Losing My Religion " donnera au groupe l'occasion de rencontrer Michael Stipe (" Nice Gay", selon les membres du groupe). En septembre, le groupe tourne avec Suede sympathisant avec Brett et Bernard Butler, qui finira la tournée dans le bus des Cranberries. Ensuite ce fut la tournée avec Duran Duran (rescapés new wave des années quatre-vingts) dont le manager n'est autre que Don Burton (Don Juan ? ) dont Dolores va tomber amoureuse (elle l'épousera en juillet 1994). Après ce premier album aux chatoyantes couleurs (or, platine...) les Cranberries enchaînent avec "No Need To Argue" qui sera un raz de marée mondial. Il contient le légendaire hit "Zombie", imparable bien que largement controversé car sorti alors que la guerre civile avait enfin céssé. Dolores est accusée de relancer le débat et de remettre en question la légitimité de ce cessez-le-feu. A ce sujet, elle se défend. " Contrairement à ce que beaucoup de gens croient, et les gens ne croient que ce qu'ils veulent voir, c'était au sujet d'un enfant qui a perdu la vie ? Je l'ai écrite après qu'un enfant ait été tué à Warrington. Nous étions en tournée en Angleterre et il y avait de l'hostilité dans l'air. J'ai eu envie de me justifier d'être irlandaise. Je ne cautionne pas les bombes, je n'ai rien à voir avec tout ça et il n'y a aucune justification valable pour planter des bombes là où il y a des gens innocents. Je pensais : " Mon Dieu, et cette pauvre mère. " Je n'arrivais pas à reprendre le dessus, rien ne me consolait. Ma vie était si heureuse mais qu'est ce que cette pauvre femme devait traverser. J'ai pleuré pour elle de voir son enfant mourir sans raison. Ce n'était pas un débat politique, je ne prenais parti pour aucun des deux côtés. "

" Zombie" a fait l'objet de plusieurs reprises, toutes plus surprenantes les unes que les autres. Une version dance, pour commencer, au grand dam de Dolores ("Quand je l'ai entendue, j'en étais malade. Mais c'est la nature du business, je suppose") et une version hard, par Faith No More. "Notre version de Zombie à été motivée par la haine", explique Roddy Bottum de FNM. "Ce sont ces ridicules inflexions de voix "Zom-beay-Zom-beay", nous nous sommes demandés ce que ça pourrait donner si le gars de Metallica l'avait fait : Zom-burrh-Zom-burrh". Hum, un rien rustres, ces métalleux de Faith No More. "No Need To Argue" n'est pas cependant composé que de chants "révolutionnaires", mais bien de compos aux textes introspectifs, tels que " Ode To My Family " qui traite du fait "d'avoir subitement du succès et de regarder en arrière en se demandant où mon enfance s'en est allée". Alors que Dolores sort à peine d'une relation de nature violente avec son ex-petit ami, l'album est dédié à son mari. "A mon mari, amant, meilleur ami et soutien". Faut-il voir là un lien direct avec le premier titre de l'album suivant "To The Faithful Departed", qui commence dans un lit ? Sans doute, lorsqu'on connaît le goût de Dolores pour les textes à contenu autobiographique. Sans doute cela représente-t-il pour elle la meilleure revanche sur la triste vie que lui a fait mener son précédent concubin, qui doit se sentir aujourd'hui un rebut inutile et éprouver une cuisante défaite face à la réussite de sa captive triomphante. "Je voulais partir, mais ça a pris des années. J'étais complètentent sous contrôle. Ma mère a été très inquiète quand je lui ai dit ce qui c'étais passé (des choses dures, un comportement de psychopathe). Elle était choquée, mais je voulais que personne ne le sache à ce moment là. " Il est difficile d'imaginer de telles choses dans la vie de Dolores O'Riordan, auteur, compositeur, interprète, performer et millionnaire, avec toute la force de caractère et la personnalité que ce genre de fonctions implique. "J'ai eu la malchance de tomber dans les mains de la mauvaise personne. Plus le groupe évoluait, plus j'avais de succès, plus c'est devenu difficile, plus il était saoûl et agressif. C'était complètement stupide d'avoir à supporter toute cette merde, de prendre des coups dans les dents, avoir 1'impression d'avoir à veiller sur quelqu'un et de supporter toutes ces choses de lui, de sa vie. Vers la fin, je n'avais plus aucune confiance. J'avais un profond sentiment d'insécurité. Je ne sortais avec personne, je ne pouvais pas sortir avec des filles, ça ne m'était pas vraiment permis, et si ça l'était, je devais être rentrée à une certaine heure. C'est terrible, parce que lorsque vous avez peur de quelqu'un pas seulement physiquement mais mentalement, c'est ça, le contrôle."

Il est utile de souligner que Dolores a toujours eu suffisamment de personnalité pour porter son groupe au zénith malgré cela, et suffisamment de courage pour se sortir de cette histoire. "Peut-être était-ce une bonne chose, parce que traverser toute cette merde m'a vraiment endurcie. Cette relation qui a duré trois ans est la chose la plus dure que j'aie jamais faite de ma vie ; les Cranberries, ce n 'est rien en comparaison. " Cela donne une idée, en effet, de la dureté de la chose. Peut-être que c'est ce qui a joué aussi dans les prises de positions très radicales de Dolores, dans son discours sur la peine de mort, grand amour des enfants alors qu'elle semble bien décidée à n'en avoir aucun, dans sa vision assez particulière de l'avortement (" Mais je ne suis pas en mesure de juger les autres femmes ")dans son dégoût du personnage de John Lennon sur la fin, dans son comportement impulsif et capricieux avec les journalistes (peut-être un juste retour du comportement que les journalistes ont eu ou ont encore à son égard) et dans la tenue délicieusement provocatrice qu'elle a arborée, lors de son mariage avec un homme tout ce qu'il y a de plus délicat. Ce jour de juillet 1994, Dolores affiche une tenue provocatrice pour une mariée : sous son voile immaculé, on peut voir un soutien-gorge blanc, un caleçon à dentelle de la même couleur et de grandes bottes à lacets remonter sur ses jambes. Dolores se souvient de son mariage : "Je suis vraiment triste que ce soit terminé. Je voulais que ce jour dure toujours. Sur le moment, tu es nerveux, puis quand tu regardes les photos plus tard, tu es là : Ooh, regardes ! Nous avons prévu de renouveler nos voeux pour notre cinquième anniversaire. Quand tu aimes vraiment quelqu'un, il n'y a rien d'aussi bon que de le proclamer à nouveau. " Bien fleur bleue, la Dolores amoureuse, qui fait construire avec son mari une grande maison dans une des dernières îles irlandaises où l'on parle uniquement gaélique. Bien plus que celle qui est sans cesse mise en avant dans le groupe, principal auteur et compositeur des Cranberries et qui a des vues très arrêtées sur la façon de traiter ces criminels. Au sujet de " The Icicle Melts ", compo écrite après la mort de Jamie Bulger, petit enfant lui-même assassiné par deux autres enfants, Dolores a une étrange façon de traiter le problème, pour ne pas dire simpliste. "Si ces deux gosses avaient su que la punition pour ce qu 'ils ont fait était la pendaison, je ne pense pas qu 'ils l'auraient fait. Je pense que la pendaison devrait être rétablie en cas de meurtre. Je sais que ça fait nul de dire ça, mais je le pense. " En effet, Dolores a toujours eu le mérite de dire ce qu'elle pensait. "Je trouve que les punitions sont trop douces. Un de mes frères est gardien de prison. Je connais, personnellement, des gens qui ont dit "Je suis sorti de prison hier et je m'ennuie, je n 'ai pas d'argent, je vais voler une voiture et recommencer comme avant. " Il y en a qui aiment ça. Qu'est-il arrivé aux temps où on les jetait dans une cellule sans les nourrir et en les battant tous les jours ? Au moins, qu'on les fasse saigner un peu. "Elle plaisante, là, ou quoi ! Allez, disons que c'est une femme à poigne, et qu'après ce qu'elle a vécu, elle ne s'en laissera plus jamais compter: "il faut être fort. Si tu gardes ça à l'esprit, tout est plus facile. Et ne jamais penser que tu as abîmé ce que tu as fait. Les Cranberries sont nos vies, celles de personne d'autre. Je veux pouvoir regarder en arrière et me dire : OK, j'ai fait ceci, ceci et cela, je suis heureuse, j'ai fait ce que je voulais faire. Rien ni personne ne pourra rien changer à cela. "


Fort de la notoriété du groupe aux USA, Island ressort le disque en Angleterre en mars 1994. Cette fois-ci, l'album devient rapidement N°1 des Charts et est certifié disque de platine. Les récompenses pleuvent d'un peu partout, Billboard Awards, Music WeekAwards à Londres, lRMA Awards à Dublin. Pourtant le groupe ne se repose pas sur ses lauriers et en février 1994, les Cranberries peaufinent de nouveaux morceaux, écrits pour la plupart lors de leurs tournées américaines en 1993. L'album est prêt mais "No Need To Argue" ne sort qu'en octobre 1994. Il entre d'abord au Top 10 aux USA puis devient N°1 dans de nombreux pays d'Europe. 5 millions d'exemplaires sont vendus en l'espace de 6 mois, le single "Zombie" aidant d'autant plus. Les récompenses pleuvent à nouveau et les tickets de concert s'arrachent pour des salles de plus de 10.000 personnes. Le reste est évidemment plus connu de tous et d'autres albums suivront, tout d'abord "To The Faithfull Departed" en 1996, suivi de tournées trop intensives qui conduiront le groupe à la dépression, entraînant l'annulation de nombreuses dates de concerts fin 1996. Leur retour se fait 3 ans plus tard en 1999 avec l'album "Bury The Hatchet". L'album est un succès, les tournées aussi. Les Cranberries remplissent maintenant les très grosses salles de 20.000 personnes. Enfin, dernière actualité en date, la sortie en octobre 2001 du dernier opus intitulé "Wake Up And Smell The Coffee", qui semble recevoir un assez bon accueil auprès du public, avec à la clé une tournée mondiale qui passera bien sûr par la France ce printemps 2002. Affaire à suivre...



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