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En 1981, lors d'une interview accordée au magazine Rolling Stone, Bono Vox déclarait : "Je ne veux pas paraître arrogant, mais je crois que U2 va connaître une grande destinée. Avec les Stones, les Who et les Beatles, il y avait une étincelle, une alchimie, et je pense qu'il y o aussi quelque chose de spécial chez U2. " Le leader du groupe avait alors vingt ans. Deux décennies plus tard, U2 s'est effectivement installé dans les mémoires comme l'un des groupes majeurs des années quatre-vingts. Majeur à plus d'un titre, car si la "bande à Bono" a marqué son époque du point de vue musical, le trio n'a jamais cessé de défrayer la chronique, en participant à d'innombrables concerts de charité, en cotoyant des intellectuels notoires et en se rendant là où il ne faisait pas bon se rendre. A tel point qu'aujourd'hui, l'auteur des Versets sataniques, Salmam Rushdie, qui vient de publier une nouvelle sur le rock, cite volontiers U2 comme sa principale référence en la matière. Du point de vue musical, on s'en rend compte aujourd'hui, l'influence de U2 a été considérable. La bande à Bono apparaît à l'époque où les punks prétendent enterrer les guitar heroes et tous les dinosaures qui auraient par malheur survécu aux seventies. Du courant punk, les Irlandais retiendront le meilleur: s'ils sont loin d'adhérer au nihilisme des Sex Pistols, ils s'approprient le désir de jouer une musique spontanée, simple, qui ira droit au coeur du public. Trois accords suffiront amplement. Prenez " New Year's Day "... c'est tout con, mais c'est resté. Ainsi, la musique de U2 va reposer d'abord sur la voix de Bono et sur la basse d'Adam Clayton, tandis que The Edge se chargera de créer les atmosphères à partir d'un son tout à fait nouveau. On a donc une section rythmique complètement dévouée à un chanteur charismatique, à la fois candide et grande gueule, et un guitariste qui s'oppose tout naturellement à tous les faiseurs de démonstrations. The Edge réinvente ainsi une autre approche de la guitare : on peut parfaitement écrire des tubes, sans pondre un seul solo. Néanmoins, il faudra attendre " The Joshua Tree ", avant de voir la planète enfin succomber au channe des Irlandais. Quatre ans plus tôt, " War " a déjà fait de U2 le groupe engagé que l'on sait, mais c'est le cm-quième album studio, produit par la paire Eno/Lanois qui va permettre au quatuor de passer des salles moyennes aux arènes, avec deux singles classés numéros un : " With Or Without You " et " I Still Haven't Found What I'm Looking For ". Depuis, U2 n'a cessé de grandir. Avec la tournée " Zooropa ", on croyait bien que le groupe avait atteint son apogée dans l'art d'éblouir son homme, mais la dernière halte parisienne du groupe a prouvé le contraire. Qu'on apprécie ou non leur goût de la démesure, on est bien forcé de se rendre à l'évidence : U2 reste un des derniers groupes majeurs des années quatre-vingts encore en activité.

L'histoire de U2 commence en 1978, du côté de Dublin. Comme souvent, dans un collège, le Mount Temple Comprehensive School. Fans de Bowie, des Talking Heads, de Patti Smith, et touchés par le punk, Paul Hewson (alias Bono Vox), Dave Evans (alias The Edge), son frère Dick Evans, Larry Mullen et Adam Clayton forment Feedback. A l'origine, leur intention est de jouer des reprises, notamment des Beatles et des Stones. Au sein du quintette, Mullen est le seul à posséder des rudiments techniques acquis au sein d'une fanfare. Difficile, dans ces conditions, de soigner les reprises. Ainsi, très tôt, le groupe rebaptisé The Hype s'emploie à se forger une identité et un son. L'identité, c'est quoi ? Une bande de copains qui veulent bouffer la planète, mais qui doivent tout réinventer parce qu'ils sont incapables de reprendre correctement un morceau de Talking Heads avec, en prime, un leader tout désigné, cette grande gueule de Bono. Ainsi, soutenus par leurs parents respectifs, les membres de The Hype cravachent dur pour écrire leurs propres compositions. Des compos qui, visiblement, révèlent un potentiel, puisque Tom McGuiness, manager dans le cinéma et, accessoirement dans le rock, est immédiatement emballé lorsqu'il vient les écouter pour la première fois. C'est pas gagné pour autant. Reste à convaincre les maisons de disques. Là, c'est avec Bono qu'il faut compter, car c'est lui qui se montre le plus habile, côté promo c'est lui, entre autres, qui se charge de transmettre les bandes démos aux journalistes du NME et de Sounds notamment. Malgré quelques articles enthousiastes, The Hype ne parvient pas à convaincre. Qu'importe ! Le groupe organise de son propre chef sa première tournée irlandaise, avec une date importante à Dublin, puisque le groupe joue devant 2000 spectateurs un précédent. Et une aubaine surtout, car Bill Stewart, enthousiasmé par la prestation, décide de signer le groupe chez Island. Peu avant la sortie de l'album, McGuiness tombe sur le cul. Warner, alors distributeur du label Island lui fait parvenir, en réponse à l'envoi d'une démo datant d'avant la signature, une réponse négative. La musique du groupe désormais baptisé U2 ne les intéresse visiblement pas ; pourtant, c'est bien cette major qui s'apprête à sortir " Boy ", leur premier opus. Ca commence très fort...


Avec " Boy ", produit par Steve Lillywhite, U2 se démarque à la fois des vieux cramoisis qui se masturbent sur leur guitare et des pseudo-punks de la deuxième génération. Côté textes, l'engagement du groupe n'est pas encore une réalité ; Bono aborde les thèmes de son âge, l'adolescence, ses joies et ses désillusions. Malgré des cri-tiques enthousiastes, l'album ne connaîtra qu'un succès mitigé. Le suivant, "October ", toujours mis en boîte sous l'égide de Lillywhite, se révèle plus mature, tant sur le plan musical qu'au niveau des paroles, davantage empreintes de spiritualité. C'est que Bono a la foi, même si son pays se déchire. Quelques mois plus tard, U2 se produit à Belfast, en Irlande du nord. Un concert qui marquera les débuts "politisés" du groupe. Bono y interprète un nouveau morceau intitulé " Sunday, Bloody Sunday ", qui fait référence au meurtre de 13 catholiques par l'armée britannique en 1972. " Je ne répondrai pas à l'appel de la guerre ", déclare-t-il en chanson. C'est un événement, puisque, pour la première fois, U2 prend position. Ni pour les protestants ni pour les catholiques, mais pour la paix. Bono est plutôt bien placé pour aborder le problème, son père étant de confession catholique et sa mère protestante. Cependant, si U2 commence à laisser entrevoir ses préoccupations "politiques", son discours reste encore largement axé sur la musique ; une musique qui, rappelle Bono, citant la guerre du Vietnam, a joué un rôle dans le contexte politique, avant de perdre son sens. Ce sens, Bono compte bien le lui rendre, en créant une musique qui touche le plus grand nombre. Avec " War ", U2 signe son meilleur album depuis ses débuts. Les textes sont plus incisifs, parfois plus graves; quant à la musique, la rythmique repose sur des hits plus dansants, tandis que Bono gagne en expressivité. The Edge, pour sa part, affine ses lignes de guitare, tout en conservant la sobriété de " Boy ". Aux EtatsUnis, on commence à aimer ces Irlandais. L'album classé dans le Top 10 américain se vend à 500 000 exemplaires.
" Under A Blood Red Sky " paru en 1984, marque la fin de la collaboration avec le producteur Steve Lillywhite, auquel succède Tommy Irvine. Alors que le premier avait tendance à mettre l'accent sur la guitare et sur la batterie, le second conserve l'énergie live du groupe, tout adoucissant la guitare de The Edge. En fait, avec Irvine, c'est la basse qui se voit placée au premier plan, permettant ainsi à The Edge d'insérer ses parties de guitare atmosphériques. Enregistré au cours d'une tournée américaine, dans l'amphithéâtre de Red Rock, le mini LP à la pochette rougeoyante, caracole en tête des hit-parades et est certifié platine deux mois après sa sortie, tandis que " War " enregistre douze mois d'occupation dans les charts. A la fin de l'année 1983, les membres de U2 se rendent au Japon pour la première fois, où ils assistent à une exposition consacrée aux bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki une expérience qui aura une influence déterminante sur la suite des événements.

Cependant, tout n'est pas rose au sein de la troupe. Le groupe est en effet préoccupé par son avenir financier, ce qui l'amène à revoir son contrat. L'album suivant, " The Unforgettable Fire " marque un nouveau virage dans le choix de la production qui incombe désormais à la paire Daniel Lanois/Brian Eno. On s'attend alors à des changements radicaux dans la musique de U2, notamment avec l'arrivée de Brian Eno, alors considéré comme le père de la musique ambiente. L'album, dont le titre fait référence à l'exposition japonaise, est une surprise, dans la mesure où la musique de U2 conserve sa fraîcheur et son énergie. Côté textes, on commence néanmoins à se demander si tout ça n'est pas un peu facile. " Pride (In The Nane Of Love) " et " MLK " (pour Martin Luther King), bien que pavés de bonnes intentions, se révèlent finalement assez gentillets. Les U2 seraient-ils parvenus au bout de leur discours? Sorti en octobre 1984, l'album se classe immédiatement en tête des hit-parades. Commence alors une nouvelle tournée pour U2, dont les temps forts seront les concerts de Wembley (le Live Aid), du Madison Square Garden (le groupe est alors élu " groupe des années quatre-vingts " par le magazine Rolling Stone), du Milton Keynes BowI et du Croke Park, à Dublin, devant 55 000 personnes. De retour à Dublin pour plancher sur un nouvel album, U2 décide de repartir pour les Etats-Unis, afin de participer à la mini-tournée baptisée " A Conspiracy 0f Hope ", destinée à recueillir des fonds pour Amnesty International. Y participent, entre autres, Sting, Peter Gabriel, Lou Reed, les Neville Brothers, Bryan Adams et Joan Baez. Une belle brochette de messagers aux yeux de Jack Healey, directeur exécutif de Amnesty Intemational pour les Etats-Unis. Sting, gentleman populaire et préoccupé par l'environnement Peter Gabriel, dont le succès, Biko, faisait référence à l'apartheid en Afrique du Sud ou encore Joan Baez, folkeuse révoltée... En somme, c'est l'association idéale pour représenter Amnesty International. Quant aux U2, ils se hissent au-dessus du lot. Membres de Greenpeace et militants notoires, ils sont convaincus de leur impact : " Les jeunes aiment la musique et s'intéressent aussi à ce qu'il y a derrière. "

Avec l'album suivant, "The Joshua Tree ", U2 réalise le coup le plus fort de sa carrière. Produit par Brian Eno et Daniel Lanois, il se différencie des précédents albums par la densité de chacun des titres et par son éclectisme, de " With Or Without You " et " Where The Streets Have No Name " au bluesy " Running To Stand Still ". Quant aux thèmes abordés, Bono passe en revue des sujets graves : la toxicomanie, la mort d'un des membres de l'équipe de tournée du groupe, la violence et, assez naturellement, la religion -rappelons que trois des quatre membres de l'équipe sont croyants. Le titre de l'album fait référence à l'Ancien Testament, mais également à cet arbre qui pousse dans les déserts du Sud-Ouest américain (et qui fut baptisé par les Mormons " arbre de prière "). Dans les charts, l'album fait un malheur: numéro un en Angleterre, lors de sa parution en mars, puis aux Etats-Unis en avril, ce qui, là, constitue un véritable événement, car les Américains se sont jusque-là montrés timorés, en comparaison des Européens qui considèrent depuis longtemps U2 comme un groupe de premier plan. H faut ajouter que certains des litres de l'album renvoient à l'Amérique son propre visage, pas toujours flatteur; une image forgée au gré des séjours de Bono aux Etats-Unis, de plus en plus partagé entre l'Amérique grande et belle et l'autre, sordide et inquiétante.
Dès lors, les irlandais entrent dans une nouvelle ère. Cc ne sont plus des rockers qui plaisent, ils sont devenus des rock stars qu'on adule partout. A tel point que, lorsque Bono perd sa voix juste avant son entrée en scène à Phoenix, Arizona -début de la tournée américaine, c'est la foule qui assure le remplacement au pied levé et à la plus grande surprise du chanteur. Désormais, Bono est une super star, voire même un saint pour une partie du public. Après tout, c'est lui qu'on entend chaque fois que le rock entreprend de lutter contre la misère et la guerre ; c'est lui qui a fait un séjour à but humanitaire en Ethiopie avec sa femme ; et c'est sans doute le musicien qui a rencontre le plus grand nombre d'intellectuels de la paix ". Résultat : 14 millions d'albums vendus. Rivalisant malgré lui avec Saint Patrick, Bono avance que ce statut lui fait peur, qu'il ne se considère pas comme un héros. Pourtant, à ce stade de la carrière de U2, on a l'impression que Bono a tout fait et tout donné pour atteindre ces sommets. On a du mal à le croire sincère...

" Rattle And Hum ", huitième album de U2, produit par Irvine -le revenant- se charge justement de rappeler l'histoire du groupe à ceux qui, sûrement rares, auraient raté quelques épisodes. Au programme de ce double, neuf compositions nouvelles, des prises live, des reprises telles que " Star Spangled Banner ", " AIl Along The Watchtower ", et des collaborations notoires (Bob Dylan sur " Love Rescue Me ", coécrit par Bob en personne, " When Love Cornes To Town ", enregistré dans les studios de Memphis, avec B.B. King). Dans le même temps sort le film portant le même titre (Rattle And Hum) : un carton phénoménal aux Etats-Unis et au Canada, puisqu'il devient la plus grosse vente de films. Tandis que le single " Desire " atteint la première place aux quatre coins de la planète. C'est une première pour U2. Le groupe se rend au Dominion Theater à Londres, pour y enregistrer une émission télé Smile Jarnaica, destinée à venir en aide aux habitants dont le pays vient d'être ravagé par un ouragan. C'est l'occasion pour U2 d'ajouter deux noms prestigieux à leur répertoire Keith Richards qui se joindra au groupe sur " When Love Cornes To Town " et Ziggy Marlcy sur " Love Rescue Me ". Fort de plusieurs récompenses (dont deux Grammy Awards : meilleur album, meilleur concert), U2 entame une nouvelle tournée, baptisée " Lovetown " en septembre 1988, qui les mène en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Japon. Du 26 au 31 décembre de l'année suivante, le groupe donne quatre concerts, histoire de fêter la nouvelle décennie -et l'ancienne, qui fut la leur en point d'orgue, celui du 31 à Dublin, qui sera retransmis dans toute l'Europe et dans les pays de l'Est. A cette occasion, Bono, jamais à court de bonnes manières, dédie le morceau " Pride (In The Name 0f Love) " à tous " les habitants de l'Allemagne de l'Est, de Pologne de Tchéquoslovaquie et de Roumanie plus particulièrement. " L' audience sera estimée à plus de 500 millions de téléspectateurs.

Virage pour le moins délicat que celui du saut dans la nouvelle décennie. Ça fait trois ans que le groupe n'a pas sorti d'album. Entre-temps, le paysage musical a considérablement évolué. En Angleterre, on parle beaucoup des Happy Mondays et de leur cocktail dance/guitar music à New York, les Sonic Youth réinventent le rock expérimental en désaccordant leurs guitares Nirvana s'apprête à faire un tabac l'année suivante avec " Nevermind ", tandis que Rage Against The Machine sème la fusion partout sur son passage. Pour commencer, U2 choisit un titre révélateur de leur inquiétude, " Achtung Baby ", explicite manière de haranguer la foule endormie après trois ans d'absence discographique. Quant au contenu, il traduit ce qu'on pensait : la moitié des titres de l'album repose sur des beats électroniques inspirés du hip hop ; on y trouve également des titres à caractère expérimental tels que " Who 's Gonna Ride Your Wild Horses " ? Ce nouvel album, plus intimiste dans les textes, prétend ainsi rassurer la planète: U2 n'a pas décroché, U2 continue de coller à son temps. La tournée qui suit, intitulée " Zoo TV " s'annonce comme un des événements musicaux majeurs de ce début de décennie. Aux Etats-Unis, le groupe fait appel à la société Fisher Park, qui a collaboré avec les Stones sur la tournée " Steel Wheels " et avec Pink Floyd sur " The Wall ". Ainsi, trois semaines de pré-production seront nécessaires, afin de peaufiner les concerts dans leurs moindres détails. Comme prévu initialement, chaque concert apporte son lot de surprise. Au cours du concert de Auburn MilIs, dans le Michigan, Bono commande 10.000 pizzas à Speed Pizza ; une centaine de pizzas parviendront une heure plus tard. A Vienne, AxI Rose, leader des Guns, se joint au groupe pour interpréter la version acoustique de " Knockin' On Heaven's Door "; à Vincennes, ce sont Steven Tyler et Joe Perry qui font une apparition inopinée durant le concert de U2. Quelques semaines plus tard, Bono fait encore parler de lui, mais hors scène. Flanqué de Public Enemy, Big Audio Dynamite II et Kraftwerk, il se produit à Manchester dans le cadre d'un concert de protestation contre la centrale nucléaire de Sellafield. Le reste de l'année sera marqué par quelques rencontres prestigieuses : U2 et le candidat BilI Clinton, U2 et Pavarotti, U2 et Zucchero, etc. En janvier 1993, on verra même Clayton et Mullen se joindre à REM pour interpréter une version acoustique de One. Au terme de ce périple, 132 peut se vanter de conclure l'une des trois plus importantes tournées de l'histoire du rock, puisque ce " Zoo TV " a engendré près de 67 millions de dollars (soit 400 millions francs), ce qui les place juste derrière les Stones et New Kids On The Block. L'album suivant, " Zooropa ", s'inscrit dans la continuité de la tournée. Suivant les conseils de Brian Eno, U2 envisage ce nouvel album sous l'angle de l'improvisation. Le groupe n'a qu'à se nourrir de l'énergie de la tournée pour réaliser un album spontané, à caractère expérimental. On s'attend à ce que la vision d'Eno empiète sur la qualité des chansons. Pourtant, l'album recèle une fois de plus des morceaux à l'impact certain tels que l'hypnotique " Numb " ou " Daddy's Gonna Pay For Your Crashed Car ". A noter également la collaboration de Johnny Cash sur le titre " The Wanderer ". Comme la tournée précédente, le " Zooropa Tour " déploie les grands moyens entre autres des retransmissions en direct de Sarajevo qui permettent aux habitants de s'adresser au public ou l'entrée en scène de Salman Rushdie, lors du concert de Wembley, devant plus de 72 000 personnes, tandis que Bono rougeoie dans sa tenue de McPhisto. Avec la B.O. intitulée " Passengers: Original Soundtracks ", U2 renvoie l'ascenseur, en quelque sorte, au producteur Brian Eno, car le son et les ambiances de l'album s'apparentent davantage à la vision d'Eno qu'à celle de U2. Dans ce cas, il n'est pas question de faire du son gwriting, mais de laisser jaillir la musique et de l'enregistrer telle quelle. Pour la première fois, Bono s'essaie même à la batterie.

L'album suivant, " Pop " marque la fin (provisoire ?) de la collaboration avec Brian Eno. En fait, c'est le premier album enregistré sans Eno depuis treize ans, ce qui constitue un défi intéressant pour ces Irlandais qui ont tout fait ou presque. Cette fois, les sessions commencent sous l'égide de NelIee Hopper (Bjork, Madonna), fondateur de Soul II Soul, avec la collaboration de Howie B. Accouché dans la douleur, " Pop " ne se présente pas comme " un album de guitare ", comme le souligne The Edge. " Le rock 'n 'roi! est un état d'esprit, ce n 'es! pas simplement une question de style de guitare. " Effectivement, avec " Discothèque ", premier single, et " Mofo ", aux sonorités technoïdales, on est bien loin de la guitar music. Certains titres tels que " Miami " et " The Playboy Mansion " flirtent même avec le trip hop. Et même si U2 nous réserve tout de même quelques morceaux résolument rock (" Last Night On Earth "), l'album est profondément ancré dans ce qu'on appelle les " musiques nouvelles ". Pour la tournée, U2, comme à son habitude, met le paquet. Un écran géant, le plus cher jamais conçu, une scène immense équipée d'une longue avancée vers le public un jeu de lumière impressionnant ainsi qu'un citron mobile dans lequel apparaîtront les membres du groupe, déguisés en Village People. Au cours de la tournée américaine, la presse évoque un désastre financier et le licenciement de certains responsables de la maison de disques américaine. U2 ne remplirait plus les stades. D'après Island, le problème s'est situé davantage au niveau du lancement, en ce sens que l'album était censé se classer directement numéro un, ce qui ne fut pas le cas. En France, quoi qu'il en soit, il est difficile de parler de fiasco, " Pop " ayant vendu pas moins de 300 000 exemplaires. Considéré comme LE groupe des années quatre-vingts, U2 n'aura, en fin de compte, pas moins brillé au cours de la décennie suivante. En attestent les moyens que le groupe a mis en oeuvre pour organiser des tournées-événements ; en attestent également les chiffres de ventes phénoménaux. Chaque album s'écoule à plusieurs millions d'exemplaires dans le monde. Sans compter que U2 continue à vendre 10 000 exemplaires de " War " (pour ne citer que celui-ci) tous les ans. En atteste enfin l'engouement des fans du groupe, car pour ceux-là, il est clair que l'histoire de U2 n'est pas qu'une simple histoire du rock'n'roll, mais quelque chose de plus profond. Une prise de conscience. En cela Bono fait plutôt figure de visionnaire, surtout quand on repense à sa déclaration dix ans plus tôt : " Ce groupe a une grande destinée. " Reste à savoir, à présent, comment ces Irlandais, passionnés de musique, préoccupés par le monde qui les entoure, parviendront à passer le cap du troisième millénaire. Achtung, babies !

La tournée passera par Sarajevo, avant d'atteindre le Mexique où U2 filme le concert pour la chaine US 'Showtime' (concert qui sortira en vidéo), puis pour finir en Afrique du Sud, à Johannesburg. En 1998, U2 participe au single 'Perfect day', avec Lou Reed et une pleiade d'artistes, puis fait une apparition dans le 200ème épisode des 'Simpson', intitulé 'Battle Of The Titans'. Quelques mois plus tard, sort la première compilation 'U2 The Best Of 1980-1990', et une deuxieme version réenregistrée de 'Sweetest thing'. L'album est accompagné, en edition limitée, d'un second CD, contenant une compilation de face-B. Une cassette video de clips accompagne le Best Of. La fin du millénaire approchant, Bono réalise son projet, un projet vieux de 13 ans : celui de voir le scénario qu'il a écrit, intitulé 'The Million Dollar Hotel', réalisé par son ami Wim Wenders. Le film sort le 24 décembre 1999, et raconte l'univers tranquille de quelques simples d'esprit qui résident dans le Million Dollar Hotel, qui va être bouleversé par la mort de l'un d'entre eux. Meurtre ou suicide, telle est la question que devra élucider le détective Skinner (Mel Gibson). La bande originale du film sort en même temps, et contient 'The Ground Beneath Her Feet', un superbe morceau sur des paroles écrites par Salman Rushdie. Bono s'investit très largement dans la campagne du Jubilee 2000, qui demande l'annulation de la dette des pays du tiers-monde. Chacune de ses apparitions en public enfonce le clou un peu plus fort, et il n'hésite pas à interpeller les chefs d'états du monde entier à soutenir cette cause.


Pendant ce temps, le nouvel album du groupe est en préparation. U2.com, le site officiel, est mis en ligne au début de l'été, et livre bientôt des extraits du futur opus, All That You Can't Leave Behind, qui promet un retour aux sources et au rock minimaliste de la première décennie. Exit la technologie, les loops et les collaborations avec les Lords de la dance et du hip-hop. On rappelle même Steve Lilywhite au mixage de certains titres, et en septembre, sort le 1er single intitulé 'Beautiful Day'. Pas de doute, le rock est de retour. Avant même la sortie de l'album, au beau milieu des apparitions TV à Top of The Pops, MTV et Saturday Night Live, U2 démarre à la surprise générale une mini-tournée promo qui passe par Paris (un show très V.I.P.), puis l'Irvin Plaza de New York (bien meilleur que celui de Paris), et enfin l'Astoria de Londres. U2 rafle rapidement Grammys et Brit Awards rien que pour Beautiful Day, et de nombreux prix décernés par plusieurs pays. L'album est n°1 en Europe et aux Etats-Unis, et c'est dans l'esprit de 'redevenir le plus grand groupe de rock du monde' que l'Elevation Tour 2001 démarre en mars en Floride, pour une tournée en salle sans artifices, 'ou seule la musique compte'. Pas de citron géant ce coup-ci ... Rien que du rock. Une tournée devenue sold-out très rapidement, tous les tickets pour les concerts européens sont liquidés dès leur mise en vente, si bien que des dates supplémentaires doivent être constamment ajoutées. Les 80.000 places pour le concert à Slane sont vendues en 45 minutes, et la tendance mondiale est identique. Les places s'arrachent sur Internet, le marché noir explose, un phénomène devenu classique pour les tournées de U2. Mais les efforts des fans seront vite récompensés. Des concerts intimes, d'un maximum de 25.000 personnes, avec une scène permettant au groupe de se déplacer dans la fosse. Les 300 premières personnes à pénétrer dans la salle peuvent également se retrouver dans une sorte d'enclos en forme de coeur, où on a l'impression de voir U2 dans un petit club. Bref, tout est fait pour y préserver l'intimité. En avril, U2 participe à la bande originale du film 'Tomb Raider', avec le titre 'Elevation'. Bono, Gavin Friday et Maurice Seezer (le trio gagnant de la B.O. du film "In The Name Of The Father / Au nom du pere") enregistrent également une reprise de T-REX 'Children of the Revolution', pour le film de Baz Luhrman 'Moulin Rouge'.


Pendant ce temps, la tournée inonde les Etats-Unis (50 dates), puis l'Europe (33 dates), avec notamment 2 concerts à Paris-Bercy, et 2 concerts à Slane de 80.000 personnes chacun, avant de retourner aux Etats-Unis en octobre (30 dates), en plein conflit contre le terrorisme des talibans. L'Elevation Tour devient la deuxième tournée la plus lucrative de tous les temps (109,7 millions de dollars), juste derrière le Voodoo Lounge Tour des Rolling Stones en 1994 (121,2 millions de dollars). A peine la tournée achevée, et juste après la sortie de la vidéo 'Elevation Live From Boston', Bono annonce que U2 repart pour une deuxième tournée européenne dès l'été suivant. Le planning du groupe est dès lors des plus surbookés : on les voit à diverses occasions aux Grammys, au Meteor Irish Awards, et surtout à la mi-temps du Superbowl : Bono s'investissant de plus en plus dans des causes telles que le Jubilee 2000, le besoin d'avoir l'opinion américaine de son coté est nécessaire. Bono fait la couverture de Time magazine, qui titre Can Bono save the world ?. Un slogan qui en dit long, à l'heure où politiques et négociateurs de tout poil n'arrivent plus à venir à bout des conflits mondiaux qui se multiplient. Cet investissement personnel commence d'ailleurs a peser lourdement sur le groupe, qui souffre des absences répétées de son chanteur. Larry est le premier à en faire part, comparant U2 à une table, dont l'un des pieds commence à manquer.




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