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BOY
Island - CID110 (Octobre 1980)
L'lrlande et I'imaginaire rock ont rarement fait bon ménage...
Them et Van Morrison, Rory Gallagher, Thin Lizzy ou les jeunes
punks de The Undertones, trente ans de stars de ce pays déchiré
se comptent sur les doigts d'une seule main. C'est en 1977 que
quatre adolescents de Dublin décident de tenter leur chance.
Paul Hewson (chant, alias Bono Vox), David Evans (guitare, alias
The Edge), Adam Clayton (basse) et Larry Mullen (batterie) officient
d'abord sous le nom de Feedback et apprennent à jouer à
coup de reprises de classiques des Stones et des Beach Boys. Une
année plus tard, rebaptisé U2, le quatuor remporte
un tremplin qui lui offre la chance d'enregistrer deux singles
pour CBS Irlande, et surtout rencontre Paul McGuinness, qui va
devenir manager et véritable cinquième membre du
groupe. En deux ans, U2 s'assure une sacrée réputation
dans son pays, surtout grâce à la puissance de ses
prestations scéniques. Mais l'histoire bascule lorsque
Chris Blackwell décide de signer les quatre jeunes gens
sur son label Island. En 1980 les labels indépendants,
sous l'impulsion du mouvement punk, ont fleuri dans toute la Grande-
Bretagne et servent de tremplin à une multitude de nouveaux
groupes, bien décidés à faire vaciller les
dinosaures encore debout. U2 fait partie de cette effervescente
mouvance. "Boy", enregistré sous la houlette
de Steve Lillywhite, est presque l'archétype d'un premier
album : encore hésitant mais prometteur, un pied dans la
new wave un autre dans le rock. Sous une pochette intrigante,
le portrait d'un jeune garçon, le disque laisse entrevoir
des effets (reverb, echo) qui connaîtront leur apogée
trois ans plus tard. Mieux, déjà se dessinent les
deux éléments qui feront la gloire du U2 première
période : la voix passionnée de Bono et la guitare
de The Edge, incisive ou mystérieuse car refusant les poncifs
du blues. Entre la fougue impétueuse et Iyrique d'un jeune
groupe ("I Will Follow", "Out Of Control",
"Stories For Boys") et une certaine mélancolie
alors de rigueur ("An Cat Dubh", "The Ocean"),
"Boy" place immédiatement U2 dans la catégorie
"espoir à surveiller".
OCTOBER
Island - CID111 (Novembre 1981)
U2 n'a cessé de tourner. Telle est la politique choisie
par Paul McGuiness, qui a déjà envoyé ses
protégés aux Etats-Unis pour une première
prise de contact. A l'été 1981, pourtant, il est
déjà temps de penser au fameux "toujours difficile
deuxième album". "October" dévoile
un groupe qui se cherche. Certes l'énergie a été
canalisée, I'instrumentation s'est diversifiée,
avec l'apparition d'une guitare électro-acoustique sur
"I Fall Down", l'utilisation d'instruments aux sonorités
celtiques ou d'une trompette sur "With A Shout". Pourtant,
ces artifices ne cachent que difficilement un cruel manque d'inspiration.
Les quatre jeunes gens, avec l'aide de Steve Lillywhite, n'ont
peut-être pas leur pareil pour créer une atmosphère,
un son qui leur est propre, mais cela ne saurait excuser une absence
de chansons et l'accumulation de titres dispensables, comme ce
"I Threw A Brick Through A Window". Une crise d'inspiration,
I'usure des tournées, une trop grande pression pour un
groupe dont la moyenne d'âge est d'à peine 20 ans
sont sans doute les principales raisons de cette demi-déception.
Certes, le fiévreux "GIoria" en ouverture, le
percutant "Rejoice", le reggae-rock de "Fire"
ou la très belle ballade automnale qu'est "October"
(avec The Edge au piano) démontrent que le groupe vaut
bien mieux que ce brouillon bâclé. Et si l'album
se clôt sur une chanson au titre de "Is That All ?",
on n'est pas loin de penser que le quartet est conscient de ce
faux-pas. Car on se refuse à croire que ces quatre Irlandais
n'ont que cela à offrir. A raison puisque U2 va continuer
sa route et surtout parvient, grâce à cette étonnante
puissance qui se dégage de ses prestations en public, à
convaincre jusqu'aux derniers des sceptiques.
WAR
Island - CID112 (Février 1983)
En 1983, la Grande-Bretagne musicale se cherche de nouveaux
héros. The Jam, groupe chou-chou, s'est séparé
un an auparavant. La frime et le strass néo-romantiques
n'amusent plus personne. The Smiths n'en est qu'à ses premiers
balbutiements. U2, pour sa part, a déjà fait ses
preuves. Mais il lui manque désormais un single, un album
afin de définitivement concrétiser l'espoir que
beaucoup ont placé en lui. Les sessions d'enregistrement
du troisième LP, celui que le groupe n'a pas le droit de
rater, ont débuté à l'été 82.
Aux manettes se trouve une nouvelle fois Steve Lillywhite, qui
déroge à sa règle d'or : ne jamais travailler
avec le même artiste plus de deux albums. Il ne regrettera
pas son choix... Car cette fois-ci, le quatuor a de la substance
à offrir et surtout, de vraies chansons. Le premier signe
du raz de marée U2 voit le jour en janvier 83 sous la forme
d'un single intitulé "New Year's Day". Morceau
le plus accompli alors écrit par le groupe, il est construit
à la perfection : une intro insidieuse à la batterie,
quelques notes de piano et une basse noyée sous les effets
avant que la guitare ne déchire le voile et annonce l'entrée
d'un chant posé, maîtrisé, qui débouche
sur un refrain imparable. U2 tient son premier hit. "War"
se montre à la hauteur de cet apéritif et ce dès
l'ouverture avec un "Sunday Bloody Sunday" à
l'allure martiale, dans lequel Bono évoque, intelligemment,
le problème irlandais. Les nouvelles compositions respirent
enfin, les arrangements (guitare électro-acoustique, choeurs,
violons électrique) sont toujours utilisés avec
pértinence. "Seconds" est entêtant à
souhait, "Drowning Man" intrigue, comme les voix féminines
sur "Red Light" où une trompette déchirée
ajoute une chaleur inhabituelle. Quant à "40",
ballade douce-amère et apaisante, elle clôt avec
bonheur l'un des albums incontournables de la décennie
passée. U2 devient, malgré lui, le fer de lance
d'un (pseudo)mouvement, le rock héroïque, comme aiment
à les créer nos confrères britanniques. Dans
leur sillage avec plus ou moins de bonheur, s'engouffrent les
Ecossais de Big Country et Simple Minds ou les Gallois de The
Alarm. Mais nos Irlandais n'ont que faire de cette agitation :
une énorme tournée les attend et ils savent qu'ils
tiennent entre leurs mains la possibilité de devenir LE
groupe des années à venir.
UNDER
A BLOOD RED SKY
Island - CID113 (Février 1983)
Les fans de U2 sont divisés en deux clans distincts.
Celui de ceux qui préfèrent leurs premiers albums
(les gens sensibles) et celui de ceux qui considèrent que
tout ce qui a été écrit avant 1990 n'est
que du rock classique. En fait, U2 est devenu un groupe de rock
classique dès 1984, à la sortie de The Unforgettable
Fire. Les titres réellement anciens, c'est-à-dire
ceux parus entre 80 et 83 sont encore plus virulents mais trop
peu connus. En voici un échantillon : Under a Blood Red
Sky a été enregistré lors de la tournée
américaine de 1983 et les titres sélectionnés
(plutôt judicieusement) sont extraits de leurs trois premiers
albums. A l'époque, U2 se considérait comme un petit
groupe affamé venant d'Irlande. Le seul reproche à
faire à cet album est qu'il pourrait être plus long.
THE
UNFORGETTABLE FIRE
Island - CID102 (Septembre 1984)
U2 a déclaré la "guerre" et remporté
une victoire sans appel. Mais maintenant pour la première
fois de sa jeune histoire, le groupe se doit de "défendre"
une position. Et pour ce faire, il surprend tout le monde par
un étonnant choix de producteur : d'ailleurs même
Brian Eno ne sait trop pourquoi il a été choisi
et ne voit pas ce qu'il pourrait apporter à ces quatre
garçons impétueux. Pourtant, l'alchimie semble immédiate.
Epaulé par Daniel Lanois, Eno ouvre de nouvelles perspectives,
fait découvrir de nouveaux champs sonores à un groupe
qui n'attendait que cela, qui n'avait pas envie, loin de là,
de se reposer sur des lauriers acquis à la force du poignet.
"The Unforgettable Fire", titre donné en souvenir
de l'horreur d'Hiroshima, est un album aéré et aérien.
Certes le premier single extrait, et nouveau hit, "Pride
(In The Name Of Love)", où Bono rend honneur à
Martin Luther King (tout comme sur le morceau "MLK"),
ne désarçonne pas le public et s'avère vite
comme la transition idéale entre "War" et le
nouvel album. Mais Eno et le groupe se sont astreints à
bâtir des climats plus reposés. Les claviers se sont
faits plus présents et soulignent les arpèges cristallins
que The Edge prend toujours un malin plaisir à égrenner.
Bono a gagné en assurance et module ici sa voix à
la perfection tandis que le jeu d'Adam Clayton et Larry Mullen
Jr a gagné en souplesse et en subtilité. Presque
ambient, ce disque porte certes la marque d'Eno mais confirme
surtout U2 dans sa qualité d'écriture et sa facilité
à créer des textures. "Wire" et la chanson-titre
sont de véritables bijoux acrobatiques et entraînants,
"Promenade", tout comme "Bad", des... ballades
ombragées. Ici, le groupe séduit avec subtilité
et retenue. Certes l'expérimental "Elvis Presley And
America" ou l'inutile instrumental "4th Of July"
ne convainquent qu'à moitié mais U2 a définitivement
appris à se familiariser avec les possibilités offertes
par un studio, ce qui fait de "The Unforgettable Fire"
l'une des pièces-maîtresses de sa discographie. Pas
étonnant alors que le quatuor fasse l'unanimité
(de la presse au public) et qu'il conquiert ses derniers galons
aux Etats-Unis, où le journal Rolling Stone le baptise
: "Le meilleur groupe des années 80".
WIDE
AWAKE IN AMERICA
Island - ISPP 22 (May 1985)
Ce maxi de U2 sorti en 1985 possède une âme. Enregistré
en partie lors du concert Live Aid de 1985 qui réunit en
vrac Queen, The Style Coucil ou encore les Who, ce curieux quatre-titres
dresse un portrait de U2 en 2 dimensions, entre puissance live
et ingéniosité en studio. Des deux premiers titres,
enregistrés en concert, on retiendra "Bad" dont
les notes, mêlées au savoir-faire et à la
minutie du groupe, devient sans doute une des plus belles chansons
jamais écrites. Pour l'anecdote, ce titre historique a
vu Bono descendre dans le public et danser durant une bonne vingtaine
de minutes au milieu du public. L'autre titre, "A Sort Of
Homecoming", résonne comme un instantané du
groupe au cur des années 80.Les deux titres suivants,
apparus à l'origine sur des faces B de 45 tours de U2 ont
été enregistrés durant les sessions de l'album
Unforgettable Fire, mais n'ont connu qu'un succès modique,
en dépit d'une qualité indéniable, notamment
"Three Sunrises" accompagné de quelques guitares
dissonantes du meilleur effet. Et au final cet opus aux sonorités
rares est devenu un collector, une pièce maîtresse
du son U2 dans les années 80, autant en live qu'en studio.
THE
JOSHUA TREE
Island - U2 6 (Mars 1987)
Dix mois de tournée ont épuisé un groupe
qui a été de tous les festivals a volé la
vedette à toutes les autres stars présentés
au fameux Live Aid organisé par Bob Geldoff et n'a pas
eu le temps de penser à son avenir. De 1986, on retiendra
surtout sa participation à la tournée Amnesty International,
Conspiracy Of Hope. Pourtant le quatuor a tout de même trouvé
le temps de créer son propre label Mother Records, pour
aider les jeunes talents irlandais. Bono, pour sa part, a collaboré
avec le groupe Clannad et est parti en Ethiopie, une expérience
dont il reviendra fortement marqué. Ce n'est qu'à
la fin 86 que U2 se rassemble pour travailler à la suite
d'un "The Unforgettable Fire" consacré comme
un monument new wave. Bien évidemment, on ne change pas
une équipe qui gagne : Brian Eno et Daniel Lanois sont
donc rappelés pour l'album de la consécration, celui
qui va faire entrer U2 au panthéon du rock. Car pour la
décennie passée, aujourd'hui si décriée,
U2 est bien le groupe par qui le rock continue d'exis ter. "The
Joshua Tree" est sans doute le disque le plus organique,
le plus chaleureux enregistré par le quatuor, un résultat
dû au fait que, cette fois-ci, Eno s'est quelque peu effacé
au profit de Lanois. L'album s'ouvre sur ce que l'on peut appeller
la Sainte-Trinité des Irlandais, trois morceaux au romantisme
imparable pour autant de hits : "Where The Streets Have No
Name", "I Still Haven't Found What l'm Looking For",
"With Or Without You"... Puis l'ambiance s'assombrit
avec l'inquiétant "Bullet The Blue Sky" où
la guitare de The Edge se répand en larsens menaçants.
Bono, lui, s'affirme définitivement comme un "vrai"
chanteur, sa voix se fait plus soul et, accompagnée d'un
seul piano sur le début de "Running To Stand Still",
séduit définitivement. Seul "In God's Country"
peut rappeler un peu les envolées Iyriques des débuts
alors que "Exit" est un morceau à part, à
la structure anarchique, et annonce, sans le savoir, les expérimentations
des années 90. Mais U2 n'en est pas encore là. Il
est au sommet de sa gloire : le très sérieux magazine
américain Time lui a offert sa Une en avril 87, un honneur
que seuls The Beatles et The Who ont connu avant. Mais les quatre
Irlandais n'en sont plus à un honneur près...
RATTLE
AND HUM
Island - U2 7(Octobre 1988)
U2 n'a plus rien à prouver. La tournée qui suit
la sortie de "The Joshua Tree" est, comme de bien entendu
un triomphe. Bono est pour beaucoup une sorte de nouveau messie.
"Rattle And Hum" est un projet étonnant, à
la fois un film et un album. Pour le tournage le fort méconnu
Phil Joanou a été retenu pour la réalisation.
Annoncé comme un mini-événement, le résultat
est loin d'être à la hauteur des espérances.
Ce n'est pas cette fois-ci que U2 aura "Don't Look Back",
le film qui avait si bien servi à façonner l'image
de Bob Dylan. Un Dylan que l'on retrouve sur le disque à
deux titres : d'abord parce que U2 reprend, un rien gauchement,
"AII Along The Watchtower", ensuite parce qu'il co-écrit
avec Bono le texte d'une nouvelle chanson, "Love Rescue Me",
titre aux sonorités country enregistré aux mythiques
studios Sun de Memphis. Le seul défaut de "Rattle
And Hum" serait de partir dans toutes les directions, avec
des morceaux live originaux ou reprises, qui montrent le fossé
entre le U2 87/88 et celui de 83, ainsi que quelques nouvelles
chansons, dont deux nouveaux tubes, "Desire" aux allures
rythm'n'blues et "Angels Of Harlem" aux teintes plus
soul (les cuivres sont joués par les mythiques Memphis
Horns) et dédiée à la sublime Billie Holliday.
Le groupe semble avoir décidé de payer sa dette
envers ses glorieux prédécesseurs, ses principaux
inspirateurs : le disque s'ouvre sur le "Helter Skelter"
des Beatles, B. B. King vient jouer de la guitare sur "Love
Comes To Town" alors que "Van Diemen's Land", aux
accents celtiques et chanté par The Edge, est dédié
à un poète irlandais, John Boyle O'Reilly. Du live,
on retiendra l'extraordinaire interprétation gospel de
"I Still Haven't Found What l'm Looking For" ou la version
épique de "Pride...". Malgré tout cela,
"Rattle And Hum" laisse un petit goût d'inachevé
mais, une nouvelle fois, n'en reste pas moins important car il
clôt le deuxième cycle du groupe, celui de la domination
planétaire.
ACHTUNG
BABY
Island - U2 8 (Novembre 1991)
Pour beaucoup, pour la majorité, U2 est le sauveur des
années 80, la formation qui aura tout misé sur l'authenticité,
I'énergie des concerts, le groupe qui jamais ne se sera
fourvoyé. A l'aube des années 90, personne ne sait
ce que ces Irlandais auront à offrir. Rares sont les groupes
qui ont su faire face à un changement de décennie.
Les Beatles se sont séparés, les Stones auraient
bien fait de suivre le même chemin, Bryan Ferry et Roxy
Music ont vendu leurs âmes à Steve Strange, The Clash
s'est embourbé dans son rêve américain...
Mais avec "Rattle And Hum", U2 avait voulu boucler la
boucle, sa boucle, et retrouver ses racines... Désormais,
la voie est libre, le groupe peut repartir de zéro, se
réinventer. Il ne va pas s'en priver. "Achtung Baby"
est un disque européen, au même titre que "Low"
de Bowie, "CIoser" de Joy Division ou "Violator"
de Depeche Mode. Aux Américains, les joies de l'invention,
aux Européens, le plaisir de l'expérimentation.
Car U2 expérimente, cherche des sonorités, des rythmes
qu'il ne connait pas. "The Fly", single avant coureur,
offre une approche presque industrielle et ouvertement dance.
Enregistré entre Berlin et Dublin, le disque surprend d'abord
par des sonorités plus métalliques et ce dès
"Zoo Station" où la voix de Bono est complètement
trafiquée. Eno et Lanois sont toujours là mais,
cette fois, le mixage est l'¦uvre du mystérieux
Flood, surtout connu pour son travail avec Depeche Mode. Comme
il l'avait fait avec le blues ou la soul, U2 utilise une certaine
technologie pour se créer un son porticulier, une identité
forte. Bien évidemment, le groupe sait aussi rester classique,
comme sur la somptueuse ballade "One", sans doute l'un
des meilleurs morceaux de son répertoire, ou le temps de
"UItra Violet". Album varié et coloré,
entre groove robotique ("Mysterious Ways") et minimalisme
romantique ("Love Is Blindness), risqué surtout, "Achtung
Baby" montre que U2 a décidé d'évoluer
avec son époque. Et c'est plutôt une bonne nouvelle.
ZOOROPA
Island - U2 9 (Novembre 1991)
N'en déplaise à certains, U2 est toujours là.
Plus que jamais, peut-être... La tournée "ZooTV"
remplit les stades du monde entier, l'une des premières
parties a pour nom... The Velvet Underground. En fait, U2 est
un groupe consensuel : le cinéaste très prisé
Wim Wenders (le groupe a participé aux BO de "Jusqu'à
La Fin Du Monde" et "Si Loin, Si Proche") les adore
autant que le môme de 15 ans, Adam Clayton s'affiche avec
la star des top-models, Naomi Campbell, Lou Reed accompagne le
quatuor sur scène pour sa reprise de "Satellite Of
Love". Dans ce climat euphorique, personne, même pas
sa maison de disques, ne s'attend à ce que le groupe enregistre
rapidement une suite à "Achtung Baby". C'est
donc presque par surprise que ce "Zooropa" déboule
sur le marché, un beau matin de juillet 1993. Enregistré
lors de quelques semaines de repos au beau milieu de la tournée
"ZooTV", essentiellement produit par Flood et largement
inspiré par l'oeuvre de William Gibson, auteur de science
fiction, l'album montre un groupe qui pousse encore plus loin
les recherches commencées sur "Achtung Baby".
Dès la chanson-titre, le climat se veut pesant : bruitages
étranges, basse surpuissante et guitare acérée.
Avec "Lemon", U2 réussit un somptueux crossover
pop-house où Bono se risque avec bonheur dans les aigus.
Si "Daddy's Gonna Pay For Your Crashed Car" est ouvertement
industriel, "First Time" rappelle une fois encore que
U2 excelle dans l'exercice de la ballade et le final de "Dirty
Day" montre qu'il maîtrise toujours le rock le plus
basique. Mais c'est la litanie répétitive et électronique
de "The Wanderer", chantée/parlée par
Johnny Cash, sorte de rencontre entre Kraftwerk et la country,
qui prouve définitivement que le quatuor a plus d'un tour
dans son sac.
POP
Island - U2 10 524 334-1 (Mars 1997)
Ni bêtement jeuniste ni gratuitement opportuniste, le
nouveau U2 est avant tout une invitation au jeu. Un disque décomplexé,
souvent drôle, quelquefois inventif. C'est une montagne.
Une chaîne de montagnes. Les Alpes du genre rock, avec pics,
glaciers, lacs enfouis et crevasses. Un massif imprenable, insondable,
impossible à cerner en quelques lignes. D'où recul
nécessaire, obligation de modestie pour celui, un peu naïf,
qui se mettrait en tête de photographier le monument comme
on jauge le premier groupe venu. U2, c'est le palais des miroirs
déformants, foutue patinoire pour visiteur mal chaussé.
On croit circonscrire la chose, la juger raisonnablement - verdict
commun : inégal groupe irlandais à ego boursouflé
-, puis on se prend en pleine face un de ces coups gagnants comme
"One" ou "Numb", une de ces réussites
flagrantes capables de faire douter le plus cynique des cyniques.
Finalement, la façon la moins hasardeuse d'entrevoir ce
qu'est devenu U2 après bientôt vingt années
d'existence, c'est encore de ne considérer que la partie
la plus tangible de son travail. Ne pas s'encombrer de tous ces
poncifs fumeux qui engourdissent l'oreille, de ces idées
reçues sur Bono-le-Messie. S'en tenir au disque présent,
le traverser comme on découvrirait l'album d'un groupe
débutant. C'est donc par la "Discothèque"
qu'on pénètre dans le monde résolument moderne
de "Pop", collection de chansons dont on sait d'entrée
qu'elles s'avancent sans prétention mal placée.
Position aussi symbolique qu'avantageuse pour single pas sérieux,
exercice ludique et dansant envoyé en éclaireur.
Une fois définies les règles du jeu - en 97, U2
se fait plaisir -, il faudra encore un crochet par un "Do
you feel loved" nouille et emphatique avant d'entrer de plain-pied
dans l'actualité selon Bono & Co. Ce qui se fera finalement
grâce au salutaire "MoFo" - planté habilement
au croisement des routes défrichées par Prodigy,
Underworld et les Chemical Brothers, avec boude ravageuse et voix
codée -, aux bouillants "Gone" et "Miami"
et au voluptueux "If you wear that velvet dress", ballade
venue au monde un soir d'improvisation avec Nellee Hooper. Là,
très vite - en quatre chansons à peine -, U2 emporte
la mise : Bono, en grande forme lyrique et lexicale, passe le
plus clair de son temps dans une ombre relative, en retrait mais
pas trop, tranquille et inspiré, jamais cavalier. De mélodies
basiques mais intègres en arrangements souples et ingénieux
- admirablement gérés par Flood, possible Brian
Eno des années 90 -, le groupe veille avant tout à
préserver son apparence humaine, terrienne. Ce qui ne l'empêche
pas d'avoir parfois recours à quelques vieilles ficelles
cinématographiques, comme sur "If God will send His
angels", énième redite d'une thématique
religieuse un brin obsédée, ou "Last night
on earth" - chassez le naturel, il revient au galop -, mais
ancre le plus souvent le propos du groupe dans une modernité
et une proximité réjouissantes. Les claviers et
les sequencers sont chauds, organiques, les guitares jouant régulièrement
le rôle du nécessaire ciment entre le monde du rock
et celui, plus hybride, de "Pop". Comme le Bowie aventurier
qu'on a pris l'habitude de fréquenter depuis deux ans,
le U2 contemporain ne s'égare donc jamais complètement,
ne perd jamais le rivage de vue, un oeil en direction de la lune,
un autre fermement rivé sur terre. On pourra regretter
cette incapacité au grand saut, comme on pourra se réjouir
de voir l'un des groupes les plus commercialement marquants du
monde remettre ses billes en jeu. Pour un "Staring at the
sun" anecdotique - auquel on doit quand même ces quelques
mots, sommet d'autoparodie : "Bon sang, l'arbitre ne veut
pas siffler la fin du match ! Dieu m'entendra-t-il ?"-, ce
sont plusieurs efforts déterminés (The "Playboy
mansion", "Please", "Wake up dead man")
qui viennent convaincre que le U2 de cette fin de siècle
n'a que faire d'une gestion petits bras, mordant désormais
à pleines dents dans la gratuité et la légèreté
du genre pop. Groupe décomplexé, émancipé,
U2 s'amuse. Et nous, souvent, avec lui.
THE
BEST OF 1980-1990
Island - U2 11 (Novembre 1998)
Alors que les héros avaient été écartés
par le mouvement punk, U2 a remis au goût du jour, dès
1980, les grandes causes à défendre. L'Irlande oppressée
de "New Year's Day" ou "Sunday Bloody Sunday",
le destin de Martin Luther King dans "Pride (In The Name
Of Love)" sont d'ailleurs quelques-uns des sujets abordés
par les justiciers du rock dublinois. Mais la grande force de
U2 est de soigner le fond comme la forme, les paroles et la mélodie,
transformant leurs prises de position en imparables tranches de
pop-rock. Si Bono sait se faire messianique, il peut aussi émouvoir
et troubler en parlant d'amour comme sur "With Or Without
You", utilisant sa voix comme un instrument de haute précision.
Derrière lui, U2 joue un rock efficace, gorgé d'envolées
qui habillent sur mesure les acrobaties vocales du chanteur. Enfin
l'ensemble est produit par des pointures de studio - Brian Eno,
Steve Lillywhite, Daniel Lanois - ultime garantie de qualité
pour un groupe emblématique des années 80... Et
90.
THE
B-SIDES 1980-1990
Island - U2 11 (Novembre 1998)
ALL
THAT YOU CAN'T LEAVE BEHIND
Island - U2 12 (Novembre 1998)
U2 a respecté ses délais habituels pour donner
un successeur à "Pop", le délai habituel
de 4 ans voire plus à été un peu raccourci,
et à un moment où les groupes ne cessent de rallonger
leurs délais de fabrication et de se poser trop d'inutiles
questions de tendance, cela est plutôt rassurant pour le
groupe de Bono. Il manifeste par-là que son énorme
succès planétaire, n'a en rien entamé sa
vitalité, son souci de créer.
Mais voilà qu'au lieu de poursuivre sur leur lancée,
les 4 irlandais ont opéré un total renversement
de tendance au niveau du signifié et des intentions. Un
nouveau cycle semble s'être amorcé après les
2 des 80's (Boy/Oct/War, UF/JT/R&H) et celui des 90's (Achtung
Baby/Zooropa/Pop). La pochette du prochain album représentant
U2 dans le hall de l'Aéroport de Roissy, en partance pour
une destination que eux seuls connaissent, en atteste.
Le groupe au lieu de proposer à nouveau un album de ferveur,
d'engagement dans les grandes causes, un disque jouant sur les
vastes perspectives, a préféré revenir à
des émotions plus quotidiennes qui font aussi la vie des
hommes, et à une musique plus intime.
D'où l'impression d'un disque plus simple, mais plus allègre
aussi, car plus spontané. En fait, U2 n'a ici qu'un seul
but : de nous régaler au coup par coup, chanson après
chanson, sans ambition supérieure, ni discours ennuyeux.
Bon nombre de fans et d'amateurs de musique rock auront plaisir
à retrouver un groupe somme toute plus proche des émois
essentiels du rock.
Cet album regroupant tout simplement 11 vrais trésors mélodiques
n'est pas un album concept mais un ensemble éclectique
ou tout, pourtant, tient étonnamment d'une seule pièce
! Cette grande diversité musicale fait sa force et sa solidité,
"All that you can't leave behind" possède la
particularité de regrouper 11 titres qui pourraient tous,
à eux seuls créer l'ambiance de tout un album.
U2 a su ne pas recréer inutilement un Achtung Baby 2 ou
un Joshua Tree 2, tout simplement grâce à son expérience,
et de celle-ci découle logiquement cette diversité.
La bande à Bono a suffisamment expérimenté
dans le passé (Rock, Dance, électronique, Techno)
pour combiner tous ces styles et aboutir au style U2. C'est le
même groupe qui a composé "Sunday Bloody Sunday",
"Lemon" ou encore "Mofo", tout cela est très
vaste, mais l'esprit U2 est intact.
On retrouve aussi, notamment avec l'appui une nouvelle fois des
producteurs Daniel Lanois et Brian Eno, ce choix qui se précise
dans ce nouveau cycle dans la carrière du groupe : une
épuration dans les arrangements. Production, à la
fois classieuse et puissante, comme une éclaircie après
les parasites sonores des 90's et ses tempêtes technos ou
noisy. Au moment où tout autour de nous nous invite à
se poser des questions, U2 a décidé de ne plus s'en
poser. Ce flot de titres rafraîchissants et purement jouissifs
est donc bien le projet le plus salvateur que pouvait proposer
U2 à l'aube de ce nouveau millénaire.
" All that you can't leave behind ", c'est aussi l'alternance
des facettes du leader, partagé entre son charisme naturel
perçu par certains comme une mégalomanie sans borne
et la simplicité de l'homme qui vit la musique intimement.
La sobriété de la pochette jure presque lorsqu'on
analyse la multiplicité des inspirations et la richesse
du travail contenues dans l'album.
Cela dans une grande diversité musicale, du Hit Rock "Beautiful
Day" au presque gospel "Stuck in a moment" en passant
par le funk dansant de "Elevation", le rock héroïque
d'un "Walk on" ou le réellement explosif "New
York" qui possède de quoi enflammer toutes les arènes
de la planète. "New York" justement est ce réel
OVNI de l'album, où la fusion parfaite en quelque sorte
d'un "Exit" avec un "Do you feel loved" entre
en collision avec le "Metal man Machine" de Lou Reed
!
Éclectisme encore avec "Wild Honey", ce titre
aux relents folk country, ou comment les "Dalton Brothers"
ressuscités, revisitent façon Beatles période
62 -64 le thème de la chanson pop guillerette idéale.
L'album est une succession de moments intenses avec des instants
plus calmes voire récréatifs.
Ainsi la diversité exige encore qu'un "Peace on earth"
très réussi, envoûtant et planant à
souhait (d'après Bono le titre "prétentieux"
lui-même, implique que la chanson se devait d'être
à la hauteur de ses ambitions) côtoie l'inclassable
mais décontracté "In a little while" ;
que le titre le plus 'Airplane', "When I look the world"
où U2 prend de l'altitude et nous inonde de l'ivresse des
grandes cimes, précède la magie issue d'un "Grace"
très inspiré, nous reposant doucement les pieds
sur terre.
U2 d'ailleurs nous a toujours habitués à ces balades
idéalement placées en fin d'album venant conclure
un nouveau chapitre de leur discographie. "Grace" ne
fait pas exception à la règle, mais objectivement
y réussit moins bien que "Love is Blindness"
sur Achtung Baby.
En conclusion, U2 a rempli doucement ses objectifs : préserver
la fougue et la spontanéité de tout jeune groupe
en soumettant cependant chacune de ses initiatives musicales au
baromètre de l'expérience. Dompter l'énergie
pure.
Certains évoquent des stéréotypes agaçants,
la réédition de schémas déjà
présents sur des précédents albums. C'est
à la fois compréhensible mais surtout faux et un
peu injuste. Le style U2 s'est affiné au fil des années,
des albums et des tournées. Il est donc normal que U2 affirmant
son identité se soit efforcé d'employer toutes les
cartes qu'il avait lui-même tirées. U2 serait-il
toujours le même s'il avait sans cesse et radicalement dévié
de sa trajectoire lui ayant assuré la renommée mondiale
? Nous en doutons.
Nous laissons donc à l'appréciation de chacun ce
merveilleux "All that you can't leave behind", en nous
inclinant pour notre part devant la qualité du travail,
peut être moins attentiste à l'égard de cet
album que pourraient l'être inconditionnels exacerbés
ou amateurs de passage.